VII – Mensonge

Pavane

« Le gout du bien désabuse de l’illusion du mieux »

Henri-Frédéric Amiel, philosophe et écrivain suisse du 19ème siècle.


       Nathan discuta dans ses quartiers avec Powell, le commandant avait toujours des doutes sur l’engagement du pirate car il lui inspirait peu de confiance. Nathan répondit que c’était normal d’avoir des difficultés à comprendre cet homme. Comme beaucoup, Powell était intrigué de connaitre la nature de Pallas. Il cherchait surtout à savoir ce que l’amiral et les pirates savaient à propos du monde Gaia secrètement gardé. L’amiral répondit toujours de manière aussi floue que possible car il n’y avait rien d’officiel et que toute cette histoire relevait du fantastique. Nathan devait garder la confiance de ses hommes, surtout de son numéro deux. Malheureusement, Nathan lui-même savait qu’il n’avait pas d’explications crédibles à lui donner. Pour les équipages, il ne suffisait pas de croire comme lui-même l’eut fait, il faut des preuves et des explications. Jamais personne ne sera précisément ce que ces deux hommes se sont dit à leur rencontre sur Gaia. En réalité, bien que Nathan savait ce qu’il fallait faire, la voie à suivre. Il n’avait absolument pas de réponses satisfaisantes à lui donner, Powell essayait de le cuisiner pour rien.

       Un officier du pont d’envol informa à l’oreillette qu’un vulture avait repéré une patrouille composée d’un croiseur sidonien, de deux frégates et d’un tanker de transport lourd. Aussitôt Nash, contacta Pallas à l’oreillette. Ce dernier lui dit que c’était son genre de cible, mais qu’il fallait s’attendre à une forte résistance des sidoniens, car ils n’étaient pas du genre à mettre toutes leurs forces en une flotte. Nathan savait bien cela lui aussi, il l’avait compris à ses dépens il y a bientôt un an lors de leurs premiers combats contre les sidoniens. Il ordonna alors au Major Da Silva de mettre la flotte en condition de combat. L’amiral se leva, regarda Powell en lui disant :

       –Prêt pour le combat commandant ?

       –Prêt, amiral. 

Ils sortirent de la pièce, retournèrent à leurs postes de combat. Une fois sur sa passerelle Nash ordonna :

       –Confirmez coordonnées cibles et transmettez à la flotte.

       –Commandant Powell prêt au combat.

       –Capitaine Pallas, prêt à ouvrir le feu, attendons confirmation. 

Da Silva écouta son message radio dans l’oreillette puis elle releva les yeux vers l’amiral. Les vultures confirmèrent la présence d’une flotte ennemie aux coordonnées transmises.   Quatre vaisseaux furtifs blackhornet quittèrent le pont d’envol du Bellérophon et firent aussitôt un saut à destination. Ils se trouvèrent sur place avec un vulture stationné plus loin en mode silencieux. Les blackhornets sautèrent juste derrière la flotte ennemie, aux coordonnées théoriques calculées par le vulture. Cette fois ci, les sidoniens avaient compris, ils ne restaient pas inattentifs aux émanations d’énergies des quatre petits sauts. Cependant, ils ignorèrent où se trouvaient les blackhornets, les vaisseaux ennemis commencèrent tous à manœuvrer demi-tour car ils étaient en alerte. Ils s’éloignèrent les uns des autres aussitôt, le tanker entama même un bond. Chaque blackhornet avait sa cible et lancait chacun deux torpilles en direction des moteurs de le flotte sidonienne. Leurs batteries anti-aériennes se mirent en route et parvinrent à arrêter certaines torpilles. Le vulture d’espionnage retourna vers la flotte et remonta son rapport. Le bilan était que le croiseur avait perdu seulement qu’un moteur, une frégate était incapable de se mouvoir et l’autre n’avait pas été touché, quant au tanker il avait réussi à sauter mais il avait été sévèrement touché, il était incapable de se mouvoir là où il avait fui.

       L’amiral ordonna de charger immédiatement l’Aegis et de faire le saut sur place. On voyait depuis la passerelle le saut que fit Lazare, unique en son genre et affreusement terrifiant, disparaissant dans une poussière sombre.

       Les deux vaisseaux de guerres humains arrivèrent sur place quelques secondes après. Le Lazare était déjà en train d’en découdre avec les sidoniens. Ils tiraient sur le croiseur qui fonçait droit dans le milieu de la frégate immobile. Le Bellérophon et l’Andrasta manœuvraient en direction du croiseur pour le prendre sur un flanc chacun. La deuxième frégate sidonienne en état s’attaqua au vaisseau pirate pour défendre l’autre frégate immobile. Les coups portés sur le Lazare ne faisaient que l’égratigner, ce dernier ne manquait pas de vigueur pour déchirer en deux le vaisseau de guerre en carence de mobilité. Cela fit une explosion qui s’éteint aussitôt au moment du choc et les deux morceaux d’épaves suivaient le mouvement d’avance du Lazare. Le vaisseau pirate encaissa bien le choc contre les fragiles vaisseaux sidoniens. Une fois achevé, il dirigea ses canons vers la dernière frégate et manœuvra dans sa direction. Pallas était une vraie tête brulée qui n’en fit qu’à sa tête mais il était redoutablement efficace.

       Pendant ce temps, l’Aegis avait fini de charger et il fallait libérer l’énergie collectée au plus vite. Nathan donna l’ordre de tirer au lieutenant Olsen. Il dirigea le tir vers le croiseur ennemi qui fut transpercé dans sa tour de contrôle, cette dernière explosa puis le vaisseau s’éteignît et cessa de fonctionner instantanément. Ce qui laissa le champ libre à l’artillerie des vaisseaux humains, le tir partit plus loin et s’affaiblissait en direction de la frégate en combat avec le vaisseau pirate. Les sidoniens tentèrent alors aussitôt un bond spatial, mais le feu d’aegis les rattrapa plus vite par derrière et remonta tout le vaisseau. Le portail de saut cessa quand le feu d’Aegis parcourut la moitié de ses entrailles puis il explosa aussitôt de l’intérieur ne laissant qu’une multitude de débris.

       La bataille était déjà terminée. Nathan demanda à Pallas en audio privée pour lui demander s’il savait la nature de la marchandise sur le tanker. Il lui répondit qu’il savait que la marchandise était destinée à la Terre. Car elle servait aux sidoniens à prendre aux humains ce qu’ils n’ont plus. L’amiral demanda plus de précisions, il lui répondit qu’il en avait déjà parlé sur Gaia, alors il se répéta :

       –Les sidoniens sont vides, ils veulent prendre ce qu’ils n’ont plus aux humains. 

C’était toujours trop confus pour Nathan.

       Quand soudain, six portails sidoniens firent leurs apparitions :

       –On s’en va, ordonne l’amiral.

       –Non, répondit Pallas.

       –Je refuse de subir trop de pertes, à trois contre six. De plus, l’Aegis est encore chaud, il lui faudra dix minutes avant de refaire un tir.

       –Amiral, les sidoniens ne se présenteront jamais à vous à plus de quatre vaisseaux tant que l’Aegis ne pas fait feu. Ils seront surpris, car ils ignorent que vous avez besoin que de dix minutes au lieu des vingt d’autrefois. Nous pouvons tous les immobiliser et frapper fort, elle peut être belle.

       Nathan regarda Powell sur l’écran visiophone, puis son officier en second, ils étaient sceptiques mais partants. Da Silva fit revenir les oiseaux pour les recharger, elle ordonna a tous les postes de se préparer au prochain combat qui arriva. Les sidoniens finirent leurs sauts spatiaux et attendaient. Il y avait trois vaisseaux face à face de chaque côté entre la septième flotte, on comptait quatre frégates et un croiseur au milieu. Un nouveau bond spatial fit son apparition face à la flotte de résistants. Il s’agissait d’un croiseur sidonien exceptionnel, trois fois plus gros et plus lourdement armé que n’importe quel autre croiseur ennemi classique.

       Les sidoniens attendaient toujours, ils voulaient surement impressionner les hommes par la puissance de leur flotte, soit pour qu’ils fuient, soit pour qu’ils se rendent, soit pour qu’ils se suicident en combat à mort. Ils devaient se douter après renseignement auprès du ministère que la septième flotte devrait être à court de ressources et qu’elle finirait par se rendre, se perdre dans l’espace ou agir en kamikaze. Nathan avait bien compris cela, mais les sidoniens se trompaient.

       –Pallas, je crois bien que ça va être les dix plus longues minutes de notre vie.

       –Amiral Nash, c’est ce que j’appelle une grosse cible bien tentante. Je suggère qu’on se mette en ligne, Lazare en premier, nous encaisserons mieux les coups.

       Nathan pris son oreillette et ordonna au pont d’envol de faire décoller tous les blackhornets disponibles. Il ordonna des approches furtives pour immobiliser les vaisseaux ennemis car ils ne les verront pas approcher avec toute la pagaille qu’il va bientôt y avoir. Miller devait mener l’opération lui-même, il devait essayer de synchroniser au maximum son action pour surprendre l’ennemi, sinon ils deviendront vigilants sur leurs arrières.

       Nathan espéra neutraliser la mobilité d’un maximum de vaisseaux pour en avoir le moins possible sur le dos le temps finir le chargement d’Aegis. Il se doute que Pallas va chercher à éventrer de la frégate. Il sait aussi que le gros croiseur sera lent et ne pourra user de toute sa puissance de feu si des vaisseaux sidoniens immobiles gênent son tir. Il avait fait son plan. Il ordonna à toutes ses autres escadrilles de rester en interception défensive.    

       La septième resta immobile quelques instants, le Lazare passa devant le Bellérophon et se mit en ligne en tête de flotte. Une fois arrivé devant, il pointa toutes ses tourelles sur le croiseur tribord et mis les gaz. Il éleva son vaisseau et ouvrit toute sa puissance de feu sur ce vaisseau. Ainsi, les trois vaisseaux humains se suivirent et passèrent entre la frégate et le croiseur tribord, évitant le puissant croiseur dans un premier temps. Face à la flotte humaine, celui-ci se mit à virer sur bâbord pour croiser les humains de flanc une fois leur manœuvre terminée.

       C’était une approche très agressive, durant la manœuvre le Lazare percuta volontairement la frégate sur sa gauche en tirant sur le croiseur de droite.  Pendant ce temps, le Bellérophon et l’Andrasta changèrent de cible et tiraient sur le croiseur à droite. Pris d’une puissance de feu supérieur de trois vaisseaux, le croiseur sombra en quittant sa ligne.

       Quand Lazare finit de se frotter à la frégate ennemie, cette dernière n’avait plus de jus et ses dégâts l’obligèrent à sortir de sa ligne pour tenter de fuir le combat. Puis la septième flotte se retrouva face au flanc du croiseur lourd et subirent de puissants tirs de suppression. Le vaisseau amiral ennemi concentrait ses tirs sur le Bellérophon, craignant sa puissance de feu. Pour éviter des échanges trop houleux, Pallas guida la flotte sur bâbord dans le sens de navigation opposé au croiseur lourd. Ce qui permit d’éviter d’encaisser d’avantages de tirs et l’obligerait à faire demi-tour. Pendant ce temps, les trois vaisseaux sidoniens placés de l’autre côté avaient poursuivi leurs navigations en ligne droite et se trouvèrent presque flanc à flanc avec la septième flotte. Le croiseur lourd entreprit un long demi-tour accompagné de la dernière frégate encore en combat de la ligne sidonienne tribord.

       Les chasseurs humains défendirent bien l’approche agressive des pilotes sidoniens, les combats étaient équilibrés. Les militaires se rendirent bien compte que les modifications apportés sur les vaisseaux par les hommes de Pallas et du Dr Haiden sur l’artillerie et la coque avaient bien renforcés leurs capacités de combats offensives et défensives. Nathan n’était pas déçu de leurs avoir fait confiance.

       Da Silva fit remarquer que les blackhornets s’étaient discrètement infiltrés au dos des vaisseaux de la flotte ennemie, essayant de ne pas les mettre en alerte sur leurs arrières trains. Miller n’attendait plus que le signal de l’amiral, mais Nathan voulait mettre toutes ses chances de son côté et voulut d’abord se battre avec la deuxième ligne ennemie de deux frégates et un croiseur. Il espérait que la pagaille du combat détournera bien leur attention le temps que les blackhornets tirent.

       La frégate sidonienne en tête de cette seconde ligne de vaisseau réussit à toucher l’Andrasta à l’arrière, étant en queue de ligne. Le vaisseau fut secoué et craignant pour sa propulsion, le commandant ordonna un demi-tour net pour présenter son flanc aux trois vaisseaux ennemis. Nathan regarda l’horloge, il ne restait plus que six minutes pour l’Aegis. Il sentit la situation se compliquer avec la manœuvre de Powell alors il décida d’en faire tout autant et le Bellérophon fit demi-tour avec lui. Les deux croiseurs humains, désormais de flancs firent désormais barrage en tirant sur les vaisseaux sidoniens arrivants face à eux. 

       En réaction, les sidoniens avaient cassé leur ligne et placé leurs vaisseaux côte à côte. Pendant ce temps, Pallas fit également demi-tour et mit les gaz pour dépasser le barrage allié et fonça droit sur le croiseur face à lui. Le croiseur lourd et la frégate allaient bientôt arriver sur la nouvelle zone de combat.

       Craignant d’être submergé, Nathan donna l’ordre de tir au capitaine Miller avec son oreillette. Miller était en position et il ordonna d’ouvrir le feu à tous ses blackhornets. Les vingt-deux chasseurs furtifs en vol tirèrent toutes leurs torpilles, les vaisseaux ennemis activèrent leurs batteries arrière. Leurs vaisseaux étaient si mal défendus à cet endroit, ils étaient mieux conçus pour les combats à longues distances. Ainsi, toute la flotte sidonienne eut du mal à stopper les torpilles, excepté le croiseur amiral. Ils furent tous handicapés en mobilité.

       Les blackhornets étaient repérés et se rendirent vers le reste de la flotte aussitôt. Les chasseurs sidoniens se mirent en alerte et commencèrent la chasse visuelle des blackhornets en vol. Nathan craignit de nombreuses pertes, alors il ordonna à la moitié de ses chasseurs de s’éloigner pour escorter les blackhornets qui revinrent de loin. L’amiral affaiblissait sa défense en faisant cela, alors les coups portés par l’ennemi commençaient à se faire ressentir. Une torpille ennemie passa le rideau défensif des batteries anti-aériennes. Elle alla se fracasser au pied de la tour, l’explosion fit tomber le major. Elle se releva, agacée, elle ordonna :

       –Lieutenant Olsen, passez les batteries alpha jusque écho en mode salve. Passez toutes les tourelles sur la première frégate en tête de ligne ! 

       Au même moment le ventre du Lazare fit de l’ombre sur la passerelle du Bellérophon, en passant au-dessus du barrage, se dirigeant plein gaz sur le croiseur en face qui manœuvra lentement tribord. Cedernier avait encore les moyens de se déplacer, ce qui n’était plus le cas des deux autres frégates de cette ligne et de celle accompagnant le vaisseau amiral sidonien. L’amiral voulait en profiter pour s’attaquer à ce gros vaisseau. Les deux vaisseaux humains mirent les gaz et dépassèrent le Lazare en échangeant des tirs avec les frégates immobiles. Pendant ce temps, le croiseur était aux abois de sa lenteur et sans aucune pitié le Lazare tira et fonça droit en milieu, le bâtiment sidonien se brisa en deux morceaux, comme à son habitude le Lazare en ressortit indemne. Les chasseurs partirent en attaque pour escorter les blackhornets qui profitaient de l’avance de la flotte pour revenir près des batteries anti-aériennes. Il ne restait plus que deux minutes avant l’Aegis.

       La septième flotte, suivit du Lazare s’avançaient pour attaquer le croiseur lourd sidonien en combat singulier. Les frégates sidoniennes survivantes étaient immobiles et incapables de fuir le combat. Sauf celle qui était très endommagée et qui s’était éloignée au début du combat et qui ne revint jamais. Très rapidement, la septième flotte des trois puissants vaisseaux de guerre se suivirent les uns et autres en tournant et en tirant sur le lourd croiseur qui se défendait très bien tout seul. Le lourd vaisseau de guerre encaissait très bien les coups mais était peu maniable, il perdait de son efficacité sans une flotte de soutien. Alors que les alliés pouvaient esquiver, tirer et manœuvrer, le lourd vaisseau montrait les faiblesses de sa force, il ne pouvait que répondre aux tirs et subir énormément.   Ce balai d’échanges d’artifices lumineux, fumeux, et brulants dura jusqu’au temps de réutilisation de l’Aegis. L’amiral le fit mettre aussitôt en charge. Les sidoniens avaient compris, ils ont détecté la puissance énergétique de l’Aegis se charger. Alors, ils commençaient à abandonner leurs vaisseaux immobiles et de nombreux vaisseaux de transports quittèrent leurs ponts d’envols. Les appareils ennemis légers qui voulaient quitter le croiseur lourd devaient passer leurs baptêmes du feu en traversant la zone de tir couverte par la septième flotte. Abandonnant leur poste de combat, le croiseur lourd se défendait de moins en moins bien et les tirs qu’il prenait le firent se consumer par les flammes.

       Nathan regarda Da Silva, voyant ce lugubre spectacle depuis la passerelle et comprit que les sidoniens avaient perdu l’esprit combatif. Ça devait être le chaos dans leur vaisseau, les sidoniens avait pris peur de la puissance de feu de l’Aegis et ne s’attendait pas à le voir aussitôt. Ils ne s’attendaient pas non plus à ce que les humains soient aussi redoutables.

       –Amiral, Aegis prêt à faire feu ! Fit remarquer le lieutenant Olsen.

L’amiral continua à regarder les vaisseaux sidoniens fuyant le combat s’exposant sur ses tirs de barrages. Nash n’avait pas la pitié d’un cessez-le-feu après ce qu’ils avaient fait à aux hommes. Il s’adressa à son officier artilleur, le lieutenant Olsen.

       Peters éloigna le Bellérophon du croiseur sidonien puis Olsen libéra la puissance de l’Aegis et le guida avec facilité. Le tir suivit sa trajectoire et pénétra la passerelle blindée du croiseur lourd et le transperça jusqu’à ses moteurs, faisant instantanément exploser le vaisseau, de sa proue jusqu’à sa poupe. Olsen continua à guider le tir vers la frégate de la première ligne à mi-chemin puis les deux de la seconde ligne plus loin. L’une fut touchée de derrière jusqu’à sa moitié, l’autre en plein son milieu et la dernière en pleine passerelle.        Enfin, le tir s’estompa après avoir parcouru autant de distance et traversé autant de matière. Les vaisseaux sidoniens furent pris d’explosions et étaient complètement hors service puis ils plongèrent attirées par le vide spatial.

       Il y avait encore des appareils sidoniens légers dans la zone de combat qui fuyaient à tout va. Subitement, ils s’arrêtèrent tous et restèrent là. Nathan trouvait cela étrange, il ordonna à un vulture de remorquer l’un d’eux à bord.

La bataille était fini, l’ennemi fut défait. Tout le monde à bord des deux vaisseaux humains se levèrent et crièrent de joie aussitôt.

       Avec l’aide du vaisseau pirate, la septième flotte avait vaincu six frégates ainsi que quatre croiseurs dont un lourd. C’était un immense moment de joie pour les hommes et femmes composant la septième flotte, il y en avait eu peu depuis longtemps. Cela fit du bien au moral de la flotte de mettre une raclée aux sidoniens.

       Les trois vaisseaux quittèrent la zone de combat et rejoignirent l’Eureka Nine, toujours aussi seul dans ces moments-là. Le commandant Logan craignit toujours que jamais la flotte ne revienne et qu’il soit abandonné là où on le laisse.

       Pour fêter la victoire de cette bataille, l’amiral avait prévu d’organiser une fête dans la salle de réception du Bellérophon. La salle se trouvait au pied de la tour du vaisseau, elle était immensément grande, avec une grande baie vitrée en angle donnant un large panorama cosmique. Ce genre de festivités permettait aux équipages de se détendre. Les équipages des autres vaisseaux ont tous étés conviés, sous forme de tournantes à raison des quarts de garde.

       Les membres d’équipages du Lazare ont été présents, ils se sont faits discrets et mystérieux alors que tout le monde se posait sans cesse des questions à leurs sujets. Les chefs de vaisseaux se gardaient le privilège de se réunir entre eux pour partager les meilleures bouteilles de leurs bars respectifs. Pallas offrit à Nathan un whisky datant de 2035, la bouteille avait deux siècles et elle n’avait jamais été entamée. Powell dit d’un air amusé que le pillage était un métier qui avait ses avantages. Nathan savait bien que Pallas n’avait pas forcément voler cette bouteille, alors il l’ouvrit et offrit sa tournée. Ils reposèrent leurs verres, et firent silence. Pour les autres, la fête continua de battre son plein dans la grande salle.

       –Putain ! dit surpris Logan.

Tous se mirent à rire. En effet, l’âge l’avait rendu très fort et très puissant mais cela ne le rendit que meilleur. Le commandant Logan en était rouge et toussa, il était encore jeune et n’avait dégusté que peu de bons whiskys.  

L’amiral leva son verre à Pallas :

       –Au Lazare ! Sans qui nous n’aurions pu réussir un tel exploit.

Powell fut longtemps sceptique quant à la loyauté des pirates, mais il se rendit à l’évidence.

       –Je lève mon verre aussi au Lazare et à vous autres. Ce que vous nous avez apportés a permis de renverser le cours de l’histoire qui semblait scellé, ajouta-t-il.

Logan leva péniblement son verre en honneur du scotch, cela fit rire les autres. Nathan reprit un sujet de conversation plus sérieux, car Pallas surveillait les sidoniens depuis bien plus longtemps. Alors, il lui demanda :

       –Il faudrait que l’on puisse prendre connaissance de forces ennemies d’occupations. Vous en savez quelque chose ?

       –Nous avons passé beaucoup de temps à freiner l’expansion sidonienne sur les hommes. Nous avons chassés beaucoup de leurs tankers et de leurs croiseurs. Nous étions seuls à cette époque et chasser par les hommes, répondit Pallas.

       –Ils doivent avoir des troupes au sol et des vaisseaux en orbite. Si seulement, on pouvait espionner, reprit Powell.

       –Il y a bien toute une armada entre eux, nous et nos mondes. Toute approche, même furtive s’avère compliquer, même sur de très longues distances, répondit Logan.

       –Pour vaincre un ennemi, il est impératif de le connaitre. Le capitaine Pallas sait comment se rendre chez eux, dit Nash.

       –Vous voulez dire la Verrière ? C’est une place militaire très bien défendue j’y suis déjà allé, répondit Powell.

       -Non, je parle de Sidonie. Je crois savoir qu’au sein même de notre gouvernement fédéral, personne n’a jamais su où cela se trouvait. De plus les Sidoniens ont déployé leurs forces chez nous, il se peut que leur planète mère soit délaissée. J’ai cru comprendre que c’était un monde très éloigné, ils doivent penser que jamais nous irions, faute de carburant et surtout de connaître l’endroit. Vous y êtes-vous déjà fait remarquer capitaine ?

       –Jamais, répondit-il.

       –D’où tenez-vous cette information capitaine? Demanda Powell.

       –Je pourrais vous guidez jusqu’au là-bas. Je ne fais que suivre mon intuition. Il faut juste que vous compreniez qu’il est un monde empli de désolation et de désespoir.

       –Comment pouvez-vous le savoir sans y être allé ? Demanda Nathan.

       –Je ressens les choses, et cette partie de l’univers est sombre.

       Les quatre hommes échangeaient encore un peu à ce sujet-là, puis Pallas retourna dans son vaisseau, ainsi que les autres officiers commandants.

       L’amiral se retrouva seul à sa table, regardant les photos de sa famille sur sa tablette, elles lui manquer.

       Puis, le major Da Silva alla le voir, il posa sa tablette. Da Silva lui demandant ce qu’il prévoyait ensuite.

       –Vous êtes déjà là major, je crois que c’est mon quart. La suite ? Nous comptons libérer l’humanité des sidoniens. Il en va de l’avenir de nos générations futures, que penseront-ils si nous abandonnions ? Profitez de la fête, Major.

       Les jours passèrent et la flotte navigua sereinement dans l’espace, elle se remit de sa bataille qui n’avait pas fait trop fait souffrir tous les systèmes. Pour l’instant, la septième fit une pause. D’autant plus que Nathan hésitait entre continuer sa guérilla, tenter d’espionner la Terre, demander à Pallas de voir le monde d’origine des sidoniens. Quand Nathan fut appelé à la passerelle, le lieutenant Oswald avait détecté un puissant signal d’une balise Panopticon.  L’amiral pensa que c’était un piège, car il ne fit aucun doute qu’ils avaient en possession des certificats numériques fédéraux.

       –Il nous coute rien d’envoyer un vulture en espionnage puis de faire extraire les données de la balise, nous verrons bien ce qu’ils nous veulent. Nous devons savoir ce qu’ils pensent faire, suggéra l’officier exécutif.

Ainsi, un vulture décolla du pont d’envol du Bellérophon pour se rendre sur place.

       Nathan mit la flotte en attente et surveilla la balise avec le vulture, il n’y avait rien. Alors il fit prendre un risque à ses hommes et ordonna l’extraction de données, risquant de compromettre la position de ses hommes. Cela se fit sans aucunes encombres, le vulture ramena les données de la balise. Powell vint sur le Bellérophon, Nathan en ouvrit la lecture sur l’écran de la passerelle de son vaisseau. Tout le monde allait savoir ce que contenait cette balise.

       –Luciano, assurez-vous qu’il n’y ait aucun traceur ou virus, faites la lecture sur un ordinateur local, exigea l’amiral.

       –C’est un message vidéo !  S’écria Luciano.

       Le fichier vidéo s’ouvrit et la lecture se fit aux yeux de tous. Le sidonien sur le message vidéo s’exprima :

       « Humains réfractaires, je suis le commandant suprême de la flotte impériale sidonienne. Je m’appelle Stanislas, bras droit militaire de l’empereur Néron. J’aurais préféré négocier en face à face sous des termes plus diplomatiques, mais vous avez exécuté mon cinquième officier. Il me parait clair que cela est inutile de discuter directement, nous ne pouvons vous faire confiance. Vous êtes trop dangereux. A ce jour, il faut que vous sachiez que Terre et Terra Nova sont sous tutelle sidonienne, militairement protégés. Nos intentions sont claires, en tant que civilisation plus avancée, nous voulons vous offrir un autre destin, bien plus prometteur que celui qui vous attend. Malheureusement, vous êtes nuisibles à ce projet commun. Vous refusez de comprendre que vous êtes le passé, que vous êtes vétustes d’un autre temps révolu. Amiral Nathaniel Nash ainsi que ceux qui vous suivent, vous devez cesser cette folie meurtrière. Nous avons causé du tort à votre espèce pour obtenir sa reddition. Cette guerre a fait de trop nombreuses victimes, mais c’était pour le bien de l’humanité à long terme et je peux vous assurer de nos intentions. D’ailleurs, nous nous sommes retrouvés avec pas moins de trente-cinq mille personnes en état d’arrestation qui sont réfractaires au nouveau régime, comme vous. Elles ne sont que menaces à l’évolution que nous offrons aux humains. Mais l’empereur de Sidonie à le temps et sait être clément. Il saura laisser vivre dans la miséricorde les réfractaires comme vous, si vous acceptez que l’ordre naturel des choses s’établissent. Vous trouverez la liste des noms des trente-cinq milles exécutables en pièce jointe. Il y a surement des noms qui vous parleront. Si vous souhaitez être enfin raisonnable, je vous donne rendez-vous à cet endroit amiral. Je vous dis à bientôt. »

       Aussitôt le message finit, ce fut un choc pour tous. Le grand chef militaire sidonien promettait une exécution massive si la septième se ne rendit pas. Toute la passerelle était pressée de consulter la liste des exécutables en pièce jointe. Alors que les sidoniens avaient fait comprendre avoir mis des noms de proches pour faire pression.

       L’amiral était le premier curieux de connaitre cette liste ne sachant pas si sa fille et sa femme étaient mortes ou non, même si cela était fort probable. Pourtant, il retira les données, évitant que la passerelle connaisse cette liste. Il mit la passerelle en rage contre lui, il tenta d’expliquer :

       –Ils ont fait cela pour nous diviser, on ignore si cette liste est vraie.

       –Amiral, nous avons le droit de savoir, laissez-nous consulter les données ! Rétorqua Da Silva, tentant de défendre le personnel.

       –Major ! Je suis votre officier supérieur et je vous donne l’ordre d’oublier cette liste pour l’instant !

       Puis Oswald se leva aussi face à l’amiral pour dire :

       –Amiral, nous avons le droit de savoir si nos proches pourraient être exécutés. Il n’y a plus d’ordres qui tiennent Nathan. Il n’y a plus de gouvernement terrien, plus de ministère de la défense et plus rien d’officiel. Il s’agit peut-être de nos familles et amis.

Nathan tenait toujours la carte de données entre ses doigts, Powell regardant la scène, mitigé.

       –Nous avons déjà vécu une mutinerie, nous nous sommes déjà divisés. Rien de ce que vous pourrez apprendre là-dessus ne peut être vrai et vérifiable. J’ai moi aussi des proches ! Mais ce n’est pas à eux que je pense quand nous triomphons des sidoniens. Je pense à ce pourquoi nous résistons, que nous nous sommes battus, y compris entre nous ! Ce n’est pas pour un simple serment militaire sur la protection des humains. Si nous cessons le combat, si nous rendons les armes, alors tout sera fini. Les sidoniens assimileront les hommes comme bon leur semble et vos enfants futurs ne connaitront que ce que ces gens veulent bien obtenir d’eux. La longue histoire des hommes nous a maintes et maintes fois montré que ce n’était jamais dans l’intérêt des vaincus.

       –Peut-être, mais nous devons savoir Nath, supplia Lydia.

       Nathan céda à ses hommes. Il posa de nouveau la puce sur sa table tactique et rouvrit la lecture. La nouvelle se répandit et chacun voulut savoir si ses proches étaient en vie et exécutables. Tout le personnel de la septième flotte put librement consulter la liste. L’amiral avait perdu de l’autorité sur sa flotte, faute de soutien à cause de ses officiers. Il savait bien lui-même que la famille était la faiblesse du militaire.

       Nathan, Powell et même Pallas, ne furent surpris, car beaucoup de militaires de la septième flotte retrouvèrent des proches sur la liste des exécutables. Il était évident que cela était une ruse pour soumettre et diviser la résistance des expéditionnaires.

       Le major Da Silva n’arriva pas à comprendre ce que Nathan tenta de lui expliquer en tête à tête dans ses quartiers concernant la ruse ennemie. Elle avait une forte influence au sein du Bellérophon en tant qu’officier en second, réputée pour sa compréhension et son dévouement dans toute la flotte. Forte de cette influence, souhaitant éviter une nouvelle mutinerie, il dut écouter ses arguments. Elle voulait se rendre au point de rendez-vous et avoir des preuves de ce que disent les sidoniens. Nathan voulait poursuivre la guerre et refusait de croire que cette liste était vraie.

       –Amiral ! Ce n’est pas que la question de la véracité de cette liste. Ils menacent d’exécuter plus de trente-cinq mille personnes ! Qu’est-ce qui vous donne le droit de vie ou de mort?! Pourquoi vous obstinez-vous ? Je vous respecte, vous nous avez emmenés loin. Je crois en vous mais je ne peux tolérer qu’on puisse laisser toutes ces personnes mourir parce que nous avons décidé de poursuivre notre guerre surement perdue d’avance.

       –Major, ce ne sont pas mes étoiles d’amiral qui me donnent ce droit de vie ou de mort sur ces gens. Ils ont le pouvoir de tuer autant de gens qu’ils le veulent, ils peuvent aussi nous raconter n’importe quoi. Notre guerre n’est pas perdue d’avance, au contraire, s’ils veulent nous faire craquer. C’est parce qu’on commence à les énerver. Je m’obstine parce qu’il s’agit de bien plus que de nous, de la flotte et de ces trente-cinq mille personnes sur nos mondes. Si nous abandonnons, nous scellons notre destin entre leurs mains. Quand je vois ce qui s’est passé en leur présence sur la planète noire, complètement irradiée. La désolation de leurs mondes d’origines dont me parle Pallas, je me vois mal laisser les sidoniens décider de notre destinée. Si vous pensez que c’est facile pour moi, vous vous trompez, je pense juste à faire passer les intérêts de l’humanité avant tout.

       Elle comprit ce qu’il voulut dire en parlant des radiations supposées sidoniennes de la planète noire. Un monde potentiellement habitable, détruit par leurs soins. Tout comme ils ont failli anéantir la Terre, cela était inquiétant. Elle sut qu’il avait raison sur ce point, alors elle tenta l’argument qui les fit tous réfléchir :

       –Vous avez consulté la liste, amiral ? Demanda-t-elle.

       –Non.

       –J’y vois Loumène Nash. Est-ce votre fille ?

       Nathan ne sut plus quoi penser, il s’agissait de sa propre fille et avait ignoré la liste pour se consacrer aux intérêts de sa mission. Voilà que cela le fit douter comme les autres. Il réfléchit, quel monde laisserait-il à Loumène s’ils se rendirent tous. Que penserait-elle de lui s’il la laisserait vivre en esclave plutôt que de la laissé mourir libre pour libérer tout le peuple humain. C’était sa fille, comme lui, elle aimait être libre. Il eut la réponse à donner à son second :

       –Elle préférerait mourir que d’être esclave des sidoniens.

Surprise, Da Silva demanda :

       –Comment pouvez-vous dire cela ?

       –C’est ma fille, nous avons le même caractère, nous préférons mourir que de vivre sans libertés, pas vous ? Répondit-il en espérant frapper son orgueil.

       Cela fonctionna puisqu’elle décida de se retirer, étant une personne fière, elle supporte mal ce genre de critiques. Nathan sourit, il reçut un appel de Logan qu’il prit à l’oreillette.   Logan est d’accord avec ses hommes, il faut se rendre au rendez-vous des sidoniens pour tenter d’éviter les exécutions, étant sous pression de son équipage.

       L’amiral sait que sans l’Eureka Nine et son personnel de manœuvre la flotte ne peut plus rien faire. Quelques heures après, ainsi que quelques verres d’un bon whisky c’est au tour de Powell de signaler que c’est son équipage fait défaut. La plupart des siens sont pour se rendre au rendez-vous. Afin d’éviter l’émeute fratricide, il assura qu’il fera son nécessaire auprès de l’amiral.

       Ainsi, la tactique de division des sidoniens avait bien marché. Nathan eut des regrets d’avoir pu laisser toute la passerelle voir ce message. Il pensait que ses hommes comprendraient la stratégie de l’ennemi comme lui.

       Puis, il ne put s’empêcher de vérifier l’information, comme quoi les sidoniens avaient Loumène en otage car elle était sur la liste d’après Da Silva.   

       Au même moment, voilà que le docteur Keller demanda à parler à Nathan. Elle voulut juste lui rappeler qu’elle ne tarderait pas l’autopsie des corps des sidoniens pris lors de la bataille des sept vaisseaux. Elle l’informa que l’ingénieur ne compris pas pourquoi tous les vaisseaux sidoniens en vol s’étaient subitement arrêtés. Les chasseurs sidoniens qui furent remorqués semblaient encore en état de marche. Elle lui expliqua que c’était les pilotes qui avaient fait défaut. Nathan lui dit qu’il appréciait beaucoup ses travaux, l’autopsie lui permettra de mieux connaitre son ennemi. Il lui promit de venir la voir dans son laboratoire quand il pourra se libérer.

       Le lendemain, Nathan se prépara avant de prendre son tour de garde à la passerelle. Les portes automatisées de ses quartiers s’ouvrirent et il se retrouva face à son second, escortée. Nathan, surpris lui dit :

       –Powell avait la certitude que je finirai par avoir des problèmes avec vous.

       –Amiral, c’est simple, soit vous entrez les codes, soit c’est moi qui les aurait par succession hiérarchique et qui ferait le nécessaire pour aller au point de rendez-vous.

       –Vous ne les aurez pas tous sans Powell.

       –Powell n’a également plus le choix.

       L’amiral suivit Da Silva sous son escorte, préférant éviter tout débordement. Il connait déjà vu le prix de la mutinerie, il ne voudrait pas que cela se reproduise. Ils croisèrent des personnes de l’équipage qui lui sont loyaux et qui comprirent la situation. Ils étaient prêts à dégainer et tuer pour sauver l’homme auquel ils croient. Cela flattait énormément Nathan mais il refusait que quiconque de plus ne meurt dans une guerre fratricide. Alors il fit signe de ses mains pour atténuer les tensions des hommes prêts à se battre pour sa cause. Tous ces hommes qui le suivraient aveuglément depuis qu’ils ont vu la Terre promise, Gaia.

       Puis, Nathan et Lydia arrivèrent sur la passerelle et franchirent les portes. Chacun se rendit à sa place, face à face. Les marines obéissant à Da Silva étaient restés à l’entrée. Elle regarda Nathan :

       –Je suis désolée Nath. Je ne peux pas avoir plus de trente mille morts sur la conscience.

       –Je sais, major. C’est pourquoi je vous ai choisi comme second, vous êtes plus sensible que moi. Sachez que, si nous nous arrêtons, ce sera définitivement terminé. Il n’y aura plus personne pour sauver nos mondes et nos générations futures, jamais. Ils seront soumis à la volonté des sidoniens. Nous nous doutons tous que leurs volontés ne soient pas bienfaisantes à notre égard.

       –Je ne peux pas laisser ma nièce mourir, c’est tout ce que me reste de ma sœur.

       –Je ne peux pas y laisser ma fille. Mais je ne peux pas accepter qu’elle vive ainsi, c’est déjà assez compliqué sans les sidoniens. N’oubliez pas, que plus rien nous prouve que la liste est vraie, major.

       –Nous devrions négocier notre reddition, amiral.

       –Ils ont fait bien plus de victimes en attaquant nos mondes qu’avec cette exécution. Ils pourront toujours faire ce qu’ils veulent. Ils ne sont pas loyaux dans la guerre on ne pourra jamais leur faire confiance, retenez bien. 

       –Nous devrions envoyer un vulture, ordonna-t-elle.

       –C’est déjà fait, il est en attente, RAS, répondit Miller.

       –Dans ce cas, Miller, préparez un saut aux coordonnées transmises par le commandant Stanislas, ordonna Nash. 

       Luciano, Peter et Olsen se levèrent d’un air menaçant vers le major prêt à dégainer leurs armes. Les fidèles de Lydia virent cela et se tenaient prêt à réagir, les tensions montèrent d’un cran. L’amiral fit signe à ses hommes de se calmer et d’obéir, alors ils lui firent confiance. Nathan voulait éviter un massacre, mais il était également curieux de faire cette rencontre. Il savait qu’ils ne pouvaient faire confiance aux sidoniens, que suite à ça, plus jamais un membre de la septième ne doutera que la négociation soit possible.

       Ainsi Luciano entra les coordonnées à contre cœur pour toute la flotte qui put faire le saut, toujours accompagné du légendaire vaisseau pirate.

       –Vous commettez une erreur qui risque de nous coûter chère, major. J’espère que vous en prenez bien conscience, lui dit l’amiral. 

       Les quatre vaisseaux firent le bon et se retrouvèrent au point de rendez-vous, en attente. La septième flotte était sur un terrain voulu des sidoniens. Alors, l’amiral ordonna aussitôt aux chasseurs de décoller pour escorter l’Eureka Nine et surveiller son arrière. Même si les vaisseaux des hommes sont mieux défendus, l’ennemi pourrait adopter les stratégies de l’amiral avec la technologie humaine prise en butin de guerre. Les trois croiseurs de guerres se mirent également en formation autour de l’Eureka Nine. Car la méfiance des hommes, y compris de ceux qui voulaient se rendre reprit aussitôt le dessus.     Quand soudain, au bout de quelques minutes d’attentes silencieuses, six portails de sauts sidoniens firent leurs apparitions. La flotte sidonienne arriva, six croiseurs, dont un lourd. Ils n’ouvrirent pas le feu et restèrent en attente, puis une demande de communication visiophone du vaisseau amiral sidonien se mit à clignoter sur l’écran de l’amiral. Nathan glissa son doigt sur la table tactique numérique pour accepter.

       Ils virent tous le commandant suprême sidonien Stanislas, le numéro un de leur armée. Certainement principal investigateur de la stratégie offensive et nucléaire contre les hommes. Nathan avait bien mémorisé son visage, il voulait avoir sa peau, il lui en fallait peu pour qu’il en rêve la nuit.

       Le commandant Stanislas s’adressa à tous :

       –Jamais, je n’aurai pu imaginer que la septième flotte perdue aux confins de l’univers puisse venir troubler la paix retrouvée entre nos deux civilisations. Mais vous êtes intelligents, vous ne pouviez pas continuer ainsi indéfiniment. Même si j’ignore par quel miracle technique vous avez su raccourcir le temps d’utilisation de l’Aegis et ainsi surprendre une de mes flottilles. Je vous accorde le mérite de la réussite de vos opérations, les miens n’ont pas été à la hauteur, voilà tout. Je vois bien que vous savez faire preuve de réalisme car il est temps de vous rendre. Plus de trente mille personnes comptent sur votre sagesse et il est temps pour vous d’arrêter. Vous êtes vidés, vous êtes usés.

       Nathan ne put s’empêcher de l’arrêter dans ses propos :

       –Commandant suprême, je vous trouve bien arrogant et imbu de votre personne.

       –Je peux me permettre de prétendre à notre supériorité, nous avons pris l’humanité sous tutelle afin de la guider. Notre suprématie militaire est sans équivalent, la guerre l’a bien démontré. Nous avons dû faire des dégâts, mais nous compenserons ses dommages en apportant à l’humanité un réel développement. L’empereur est une bonne personne, il sera faire pression sur vos dirigeants pour vous accorder à tous la grâce pour preuve de bonne conduite. Sachez que votre nouveau président a signé l’accord ci présent. Cet accord stipule que nous voulons les clefs de lancement, que vous serez désarmé, que nous vous remorquerons et que vous serez tous jugés par votre cour martiale qui se montrera clémente. Ainsi, vous épargnerez vos vies qui n’ont plus de sens ainsi que celles des trente mille réfractaires au protectorat de votre nouveau gouvernement fédéral, répondit Stanislas.

       Nathan était de plus en plus agacé de ce personnage hautain. Confrontée à la réalité, Da Silva se sentit de plus en plus mal à l’aise de constater avec amertume à qui elle souhaita se rendre pour protéger sa nièce. Lieutenant Luciano reçut le document fédéral numérique, authentique. Cependant, Lydia se retourna de l’écran et fixa Nathan dans les yeux :

       –Nous devons le faire Nathan. 

       Toutes les lumières se mirent à virer bleu clair, y compris la table tactique qui présenta à l’amiral la possibilité de taper ses accès et de mettre son empreinte digitale. Cela aurait pour conséquence de transférer les clefs de lancements de la septième aux sidoniens.

       Nathan ferma les yeux, c’était la même chose qu’il y a six mois avec le cinquième officier diplomatique. Pour lui, il était hors de question de se rendre, au-delà même de sa vie et de celle de sa fille. Il était plutôt question de poursuivre son vieux rêve, la pérennité de l’humanité dans un monde meilleur.

       –C’est face à ce genre d’individus que tu veux te rendre Lydia ? Lui demanda-t-il.

       –Si nous ne faisons rien, la vie de trente-cinq mille personnes est scellée, répondit-elle, hésitante.

       –Si nous le faisons, c’est l’avenir de l’humanité toute entière qui est scellé. 

       Nathan demanda un instant à Lydia avant d’entrer ses codes. Il se mit en communication oreillette avec Pallas.

       Pendant ce temps, perdant patience, on vit à l’écran le commandant Stanislas faire signe de la main pour donner un ordre sans que lui puisse voir ni comprendre à qui et pourquoi.

       –Capitaine, qu’avez-vous essayé de me dire par cette phrase ; les sidoniens viennent chercher aux hommes ceux qu’ils ont perdu ? Je ne comprends pas votre charabia sur les âmes et la lumière, que cela veut dire concrètement ? C’est vraiment important.

       –Ils veulent se servir des hommes pour faire ce qu’ils ne sont plus capables de faire eux-mêmes. Ils en sont incapables car ils sont figés. Ils n’émanent d’eux aucunes formes d’énergies positives, c’est le néant, et sans cela ils sont condamnés à terme. C’est pourquoi ils veulent utiliser les êtres humains. 

Nathan garda un œil vers l’écran sur le commandant suprême. Quand soudain, ce qu’il vu apparaitre à l’écran lui fit aussitôt cesser de converser avec le capitaine Pallas.

       –Papa ? S’exprima la jeune fille à bord du croiseur sidonien.

       –Loumène ?! S’exclama surpris Nathan, avec énormément d’émotions.

Tout le monde sur la passerelle se retourna vers Nathan et le regarda. Ses yeux brillaient et étaient humides.

       –Amiral Nash, je vous rappelle que votre fille est sur la liste des personnes exécutables pour acte de trahison à l’encontre du gouvernement fédéral. Si vous refusez de vous rendre, l’accord prévoit son exécution, reprit Stanislas.

       Nathan se sentit figé, il s’agissait de sa propre fille et elle était là, à l’écran. Tout le monde sur la passerelle le regardait, ne sachant pas sa réaction. Nathan a toujours penser qu’elle était morte lors de l’attaque nucléaire, il lui demanda :

       –Je ne comprends pas, tu n’étais pas sur Paris au moment de l’attaque ? Je pensai qu’ils t’avaient tué.

       –Papa… je pensai moi aussi que tu étais mort quand ils ont attaqués la flotte. Maman est morte à Paris, moi je n’y étais pas. J’étais partie en Ecosse voir un ami quand la guerre est arrivée.

       Nathan baissa les yeux et regarda son équipage sur la passerelle, puis il déclara :

       –Je pensais avoir tout perdu, je n’en avais que faire de ma vie et j’ai parfois oublié celles et ceux que je commande. J’avais cessé de penser à moi et à mes proches, je voulais que l’humanité ait une seconde chance, une chance de survivre.

       Puis Nathan regarda à nouveau l’écran pour regarder Loumène, il ne voulait pas qu’elle meure. Un puissant sentiment d’amertume l’envahit. Il s’apprêta à mettre son doigt sur la table numérique pour rendre les clefs de la septième flotte à l’armée impériale sidonienne.

       Quand soudain le lieutenant Luciano dégaina son arme et pointa l’amiral :

       –Je ne vous laisserai pas faire ça amiral. Major, on n’a pas fait tous ce chemin pour rien. 

Aussitôt cela créa une situation de tension et de confusion totale, les marines de Da Silva entrèrent dans la pièce et menacèrent l’amiral. Ainsi, le lieutenant Olsen, fidèle à l’amiral et en sa personne, quoi qu’il fasse, dégaina son arme pour menacer Luciano. Ayant vu cela sur l’écran, Stanislas fit menacer Loumène par ses hommes armés.

       La situation était montée d’un cran et s’était compliquée. Nathan voulait se rendre pour ses hommes mais Luciano, représentant ceux qui ne le voulurent pas avait imposé sa volonté. Olsen voulut protéger Nash, les marines défendaient la reddition du major. Même s’ils ignoraient qu’elle commença à douter de son choix.

       La situation fit sourire Nathan, prêt à mourir. Il savait que la convergence et les ambitions des uns et des autres n’allaient mener qu’à la catastrophe, c’était terminé.

       –Je suis heureux de t’avoir revu ma fille, prit-il juste le temps de déclarer.

Quand soudain, le docteur Keller entra sur la passerelle en trombe. Elle fut surprise de la situation. Elle s’arrêta de courir et vit tout le monde pointer son arme sur tout le monde.

       –Je tombe mal peut-être, dit-elle en cherchant à s’éclipser.

       –Non ! Vous tombez bien docteur, s’exclama ironiquement l’amiral.

Ainsi, elle s’avança vers l’amiral en zigzaguant timidement entre ceux qui le tiennent en joue, rapport en main toute tremblante. Elle vue l’écran visiophone et comprit que les sidoniens pouvaient la voir et l’entendre. Alors elle s’approcha de lui près de son oreille et lui souffla quelque chose. Nathan prit le calepin du docteur et regarda les résultats de l’autopsie des cadavres des sidoniens prit lors de la précédente bataille.

       Nathan releva les yeux d’un air déterminé. Il posa une question à Loumène :

       –Loumène, te souviens-tu de ce que nous avons faits ensemble le jour de tes 16 ans ? C’était une soirée inoubliable, rappela Nathan à sa fille.

       –Nous sommes allés au restaurant avec maman, se souvint-elle.

       –C’est vrai, mais après ?

       –Nous avons discuté et nous sommes rentrés.

       –C’est tout ?

       –Papa, je t’en supplie, ils vont me tuer, reprit-elle paniquée.

       –Qu’avons-nous fait après ? Je sais que tu t’en rappelle, nous en avons parlé avant mon départ.

Loumène ne sut répondre et resta mystérieusement silencieuse.

       –Major Da Silva, armez l’Aegis je vous prie, ordonna Nash.

       –Amiral?! Mais votre fille! Demanda Da Sylvia effarée.

       –Papa?! Supplia Loumène.

       Stanislas menaça de tuer Loumène sur le champ. Nathan répondit qu’il n’en avait que faire de ces menaces. Le commandant-général sidonien réagit alors très méthodiquement, il ordonna que Loumène disparaisse puis l’écran se coupa. Les couleurs bleus de la reddition disparurent de la passerelle, les codes officiels n’étaient plus utilisables.   

       Au même moment le Bellérophon trembla et tout l’équipage se retrouva au sol. Les sidoniens avaient tenté de torpiller l’arrière du vaisseau mais une seule torpille toucha. Ils avaient su endommagé un moteur. Malgré tout, les batteries et les chasseurs en place, prévus par Nathan empêchèrent plus de dégâts.

       L’amiral se redressa et ordonna ce qu’il savait faire de mieux à toute la flotte, l’alerte de combat. Ainsi, sous le feu ennemi, tout le monde oublia son arme et repartit à son poste de combat. Oswald mit l’Aegis à charger, la flotte toute entière se mit en position de combat. Le major ne compta pas oublier ce qui vint de faire changer d’avis l’amiral. Elle se redressa difficilement sur la table tactique numérique en s’appuyant sur ses coudes. Ses marines étaient repartis défendre le vaisseau en cas d’abordage.

       –Nathan ! Pourquoi ?! Pourquoi as-tu sacrifié ta fille et relancé la guerre ? Hurla-t-elle.

L’amiral se tint doit face à elle qui essaya de se redresser péniblement. Il continua de donner ses ordres et la flotte se mit en place pour tenir les sidoniens. Pallas se faisait toujours autant plaisir à briser les lignes de l’ennemi en fonçant droit sur un croiseur un peu isolé. Nash répondit à son second :

       –Remuez-vous Major, nous sommes en pleine bataille ! Elle n’était pas ma fille ! C’est pour ça que j’ai refusé de nous rendre !

       –Quoi?! Que vous a dit Keller ?! Demanda-t-elle.

       –Major ! Les Sidoniens sont des machines, ils ne sont pas des êtres vivants. C’est ce que Pallas me dit dans son langage depuis qu’il est avec nous ! Ils veulent prendre aux humains ce qu’ils n’ont plus.

       –Mais votre fille ?!

       –Elle n’était pas ma fille, elle aurait dû se souvenir de ce jour de ses 16 ans. Elle m’en avait encore reparlé avant mon départ, jamais elle aurait pu oublier. Jamais.

       –Comment pourrait-il savoir sa personnalité ?

       –Surement grâce aux V-World. Ils peuvent avoir l’historique de toute sa vie virtuelle personnelle avec ses données. Mais jamais, jamais les sidoniens n’auraient pu savoir ce que j’ai fait avec ma fille pour son anniversaire. 

       Au même moment le Bellérophon subit encore un choc de tir qui mit certains voyants au rouge. Da Sylva se redressa et prit son oreillette, reprenant son rôle d’officier en second. La passerelle se remit dans une dynamique de guerre. Le Bellérophon, l’Andrasta, l’Eureka Nine, se suivirent pour faire face aux trois croiseurs de chaque bord qui se mirent à tirer sur eux.

       Le Lazare en tête fonça tribord droit sur une cible qui tenta un bond mais il lui tamponna l’arrière train. Ce qui coupa le vaisseau dans son élan de saut qui fut interrompu. L’arrière explosa alors que l’avant se retrouva de l’autre côté du saut, coupant en deux le croiseur.

       Le Bellérophon fut prit de lourds dégâts de guerre. Mais il venait de finir de charger sa puissante arme, l’Aegis qui ne prit plus qu’une minute. Aussitôt la flotte sidonienne se mit en condition de saut. Alors le lieutenant Olsen ne perdit pas de temps, il libéra son énergie et la dirigea sur bâbord, fracassant successivement la poupe de trois croiseurs sidoniens qui tentèrent de fuir.

       Le Lazare venait de frapper au contact grâce à sa coque solide le deuxième croiseur ennemi qui tenta de sauter sur tribord tout en tirant sur le dernier croiseur en fuite, le vaisseau amiral du commandant suprême Stanislas, l’Impérator. Pendant que les batteries du Lazare le frappaient, le lieutenant Olsen cibla le vaisseau amiral avec l’Aegis.         Seulement, ce dernier put faire son bon avant d’être atteint. Le numéro un de la flotte sidonienne avait pu fuir, mais il venait de perdre cinq croiseurs. L’union de la septième flotte et du Lazare couta très chèr aux sidoniens. Les Sidoniens venaient d’être défaits et leurs plans de secours pour surprendre la septième comme les humains le faisaient si bien n’avaient pas vraiment marché.

       La balise Panopticon de la zone clignota car elle avait reçu un message. Luciano le fit ouvrir, c’était un message vidéo relayé par l’impérator qui avait pu fuir. On y voit le commandant suprême Stanislas ordonnant une exécution. Puis on vit à l’écran une foule noire de monde sans défense se faire tirer dessus par des armes automatisées. Ces personnes prises au piège courraient dans tous les sens sous les coups de feu. Quelques instants après, le calme revint. Il n’y avait plus personne qui tint debout, le major s’effondra sur ses genoux brusquement.

       Les sidoniens avaient mis leurs menaces à exécution et plus de trente mille personnes venaient de mourir. Il y avait probablement la nièce de Lydia ainsi que les proches des membres de la flotte. L’amiral frappa de son poing sur sa table tactique, il réussit à en briser le verre trempé. Le second resta à genou, figé les yeux au sol. Toute la passerelle était dépitée.

       Les sidoniens venaient de leur rappeler qu’ils avaient leurs mondes entre leurs mains et qu’ils pouvaient en disposer comme bon leur semble. Les résistants de la septième venaient de comprendre de quoi ils étaient capables. Laisser l’humanité plus longtemps entre leurs mains n’était plus une option. Tout comme au moment où ils apprirent pour les frappes nucléaires, cette exécution sommaire et brutale réveilla à nouveau l’esprit de vengeance. Puisque désormais, tous n’avaient plus grand chose à perdre à poursuivre cette guerre.

       Le lieutenant Peters envoya les coordonnées de saut de mise en sureté prévues et calculées par Luciano. Quelques instants plus tard, Nathan brisa le lourd silence. Il demanda le capitaine Pallas en intercom flotte, tout le monde sur la passerelle purent savoir de quoi ils allèrent discuter. L’amiral de la septième flotte lui demanda :

       –Capitaine, vous m’aviez dit sur Gaia, savoir où se trouvent le monde originelle des sidoniens ? Nous allons tous nous y rendre.