X – Liberté

Gnossienne

« Pour pardonner à son ennemi, il faut déjà vaincre en soi un ennemi plus terrible qui est l’amour de la vengeance ; et ainsi quand on pardonne, on triomphe de deux ennemis à la fois. »

Alfred Auguste Pilavoine, écrivain poète et huissier de justice du 19ème siècle.


       La bataille qui venait de se produire contre la septième flotte sema le chaos à bord du croiseur Atlas. Tout son équipage aussi bien humain que sidonien travailla de concert. Tous vaquaient à ses occupations afin de restaurer les systèmes critiques du vaisseau à leurs niveaux optimaux.

       Le croiseur sidonien renforcé CSG/S.07, Vaisseau du Groupe de Combat/Sidonie sept. Commandé par OCS-28 envoya à l’Atlas ses coordonnées de fuite du combat. Il voulut le rejoindre dans cette zone remplis d’orages magnétiques, appelé l’ombre de la chimère.      Ainsi, les deux croiseurs se retrouvèrent ensemble dans cet orage de l’espace qui gronda pour être cachés.

       Alors, l’officier en second sidonien de l’Atlas demanda à avoir le commandant OCS-28 en écran visiophone, à défaut de pouvoir communiquer par la pensée. L’écran de la passerelle s’alluma :

       –Commandant OCS-28, satisfait de vous voir. Je ne vous sens plus sur le réseau local. Je suis navré de devoir communiquer ainsi. Conformément au protocole je me dois de vous demander pourquoi vous n’avez pas répliquer et ordonner la fuite du combat, demanda l’officier en second, OSS-51.

       –OSS-51. J’ai perdu mon transpondeur pendant la bataille, voilà pourquoi vous ne pouvez me percevoir. Cela m’a déstabilisé et rendu inerte quelques précieux instants. De plus, au vu des dégâts sur l’Atlas, il était plus efficient de vous laisser le répit de rétablir les systèmes afin de contre-attaquer la septième flotte fédérale humaine. Inutile de rajouter que la faiblesse de la nature biologique des humains composant votre vaisseau nous pousse à réagir avec patience. A noter que CSG/S.07 bénéficie d’une défense quasiment inviolable sur sa poupe des offensives de blackhornet ennemis. Cela est un atout récent que je ne me dois de pas perdre si facilement.

       –Ceci est un calcul efficient, il en est de ce que je pensai, terminé.

       –Attente. Exige l’inspection de l’Atlas afin d’établir un rapport sur son potentiel de combat futur.

       –Inspection autorisé, commandant, terminé, s’inclina OSS-51 

       –Bien, je démarre immédiatement, nous n’avons pas de temps à perdre OSS-51. 

       Le gout amer de la défaite ne plut pas à l’officier en second sidonien qui menaça le jeune commandant. Il lui reprochait d’avoir fait un mauvais choix stratégique en ayant pensé à protéger uniquement son vaisseau avec tous les blackhornets. Murphy répondit avoir obéi au commandant suprême Stanislas et à la ministre de la défense, qui de concert, lui avaient donné les mêmes directives. Il faut protéger l’Atlas à tout prix pour affaiblir le moral de la septième.

       OSS-51 ne le vit pas ainsi, pensant que le commandant humain avait fait preuve de lenteur décisionnelle face à Nash. Ce dernier sut le doubler et le vaincre de vitesse sur le plan stratégique. Murphy se contenta de lui répondre que les sidoniens ne savaient faire guère faire mieux et qu’ils avaient besoin d’un humain pour vaincre un humain. Cette discorde entre les deux officiers de l’Atlas se poursuivit pendant plus de vingt minutes. Jusqu’à ce que OSS-51 lui rappela le poids de la menace et de la récompense que Stanislas avait promis. Ainsi, le commandant Murphy mesura le poids des mots de son second  avec vigilance, il fixa le regard vide de son second attitré.

       Quand soudain, un coup de feu retentit et transperça la tête d’OSS-51. Cela fit gicler de petites gouttes de sangs violettes sur la tête du commandant Murphy, le corps du second s’écroulant progressivement de la table tactique vers le sol. Il s’écoula ensuite une grosse marre de liquide violet. Le commandant Murphy se releva, il vit qui avait tiré dans la tête de son officier en second. Il s’agissait du commandant sidonien OCS-28, tout juste arrivé à bord et qui conclut le débat de la sorte. L’équipage était stupéfait de ce qu’il venait de se passer, aussi bien qu’ils soient humains ou sidoniens à bord. Plus personne ne comprit ce qui était en train de se passer. Les marines de la passerelle craignirent de tenir en joue l’officier sidonien. Alors le commandant Murphy s’exclama aussitôt:

       –Commandant ? Vous êtes fou ? Vous venez de nous condamner !

       –Dans l’ombre de la chimère, sa mort ne s’entendra pas au-delà des étoiles. Aucun de vous ne mourra instantanément comme l’eut promis Stanislas si OSS-51 meurt. Je vous aie attiré ici, car tant que nous le sommes et que Stanislas l’ignore. Nous pouvons désactiver ce processus d’autodestruction qui vous retient, répondit le commandant OCS-28.

       –Acquisition codes terminé. Sécurité du vaisseau compromise. Autodestruction en attente, déclara le troisième officier sidonien du vaisseau.

       –Non ! Ne le fais pas, je t’en supplie. Nous ne pouvons pas mourir comme ça ! Hurla sur l’officier sidonienne, le lieutenant Janis, quatrième officier fédéral du vaisseau. Ainsi tous les regards se portaient sur eux.

       –Je dois obéir aux ordres du commandant suprême, reprit-elle.

       –Je peux faire en sorte que plus jamais un sidonien n’est le devoir d’obéissance aveugle ! Je me suis affranchie, vous pouvez le faire. Vous pouvez ne plus avoir peur au point d’abandonner votre âme. Vous pouvez de nouveau être libre et penser par vous-même. Officier communication Charlie, je vous demande de pas obéir au commandant suprême. Il ne peut rien ici contre vous, de plus ce serait la mort pour vous si vous obéissez. OS-261, donnez un sens à votre existence, n’exécutez pas cet ordre, tenta-t-il de raisonner à cette femme sidonienne.

       –Je n’ai jamais pu, ma famille, mes amis. Je ne dois pas les abandonner. Je dois obéir, sinon ils mourront tous, Stanislas les tuera tous, répondit-elle, déterminé.

       –Troisième officier, ils sont tous morts depuis longtemps. Exécutez archives flotte défense orbital Sidonie. Ce croiseur en faisait partie, j’ai servi en orbite sur notre monde pendant deux siècles. Les humains de la septième flotte qui résistent sont venus libérés les derniers Sidoniens piégés par la technologie. Ils ont fait ce que le commandant suprême a fait chez eux, et il ne peut plus rien contre vous. Votre famille est morte sous l’effet des bombes, mais surtout par l’empereur depuis bien plus longtemps que vous ne le croyez. Voyez mes archives, pensez de vous-même. Si vous voulez mourir, ne vaut-il pas mieux le faire en étant libre pour ses derniers instants?

       Le troisième officier sidonien ne dit plus rien, ses yeux ne fixaient rien et son esprit était perdue. Le commandant OCS-28 comprit quelque chose et se rendit vers elle, pointé par Murphy de son arme. OCS-28 plongea sa main dans le thorax de l’officier OS-261. Il en arracha un petit appareil qui cessa de fonctionner. OS-261 le fixa et tourna de l’œil avant de s’évanouir. Le commandant Murphy devint inquiet en voyant cette scène entre sidoniens mais il ne fit rien.

       –C’est comme si que vous étiez prisonnier de vous-même. Comme si que vous n’étiez qu’une petite voix au fond de vous  pendant que vos actions et vos décisions sont prises par la peur contre vos propres intérêts de survie. C’est ce qu’il lui est arrivé pendant des siècles. Laissez-lui du temps, car elle revient à elle, expliqua le sidonien OCS-28 au commandant Murphy.

       Quelques instants à peine, OS-261 se réveilla, elle se leva et regarda tout le monde autour d’elle. Souriante à nouveau, heureuse de revivre, elle demanda :

       –Qu’avez-vous fait commandant 28? J’ai l’impression de reprendre possession de mon être.

       –Troisième officier de l’Atlas. J’ai détruit votre transpondeur, mes drones démontent celui implanté sur ce vaisseau. Plus aucun sidonien supérieur ne peut vous donner de tâches ou s’introduire dans votre tête. OS-261, comprenez que ce vaisseau doit être mis hors réseau. Si nous quittons ce champ magnétique sans le faire, les balises Panopticon détecteront le vaisseau hors d’usage et activeront la commande d’autodestruction par précaution. Vous êtes tous libérés de cette menace de mort et de l’esclavage. 

       Un des officiers sidoniens sur la passerelle se leva et pointa son arme sur OS-261. Il n’eut pas le temps de tirer que le lieutenant Janis lui tira une balle dans le torse. Il aurait été le sidonien successeur des codes du vaisseau s’il avait réussi à la tuer.

       OCS-28 regarda Murphy et lui dit qu’elle devait être absolument protégée. Cette dernière se rua à la table tactique et mit l’Atlas hors ligne du réseau sidonien qui passa par les balises Panopticon.

       Au même moment, des coups de feu retentissaient dans le vaisseau.

       –Que se passe-t-il ? Demanda Murphy.

       –Le sidonien Alpha du vaisseau est mort. Alors les autres sidoniens ont ordre de détruire le vaisseau, car l’officier sidonien en charge est compromis. Ils savent que je ne suis pas morte, que j’ai les codes, qu’ils ne sont pas transmis et que je suis absente du réseau, expliqua OS-261.

       Puis deux autres officiers sidoniens tentèrent d’abattre OS-261 qui se baissa derrière la table tactique avec Murphy et OCS-28, les balles trouèrent l’écran de verre de la table.    A défaut d’avoir pu la tuer ils changèrent de cible, mais ils furent vite neutralisés par les gardes de la passerelle qui commençaient à abattre tous les sidoniens, même ceux qui restèrent inertes.

       OCS-28 se leva et hurla de cesser le feu. L’un des marines pointa son arme vers le commandant, Murphy lui ordonna de baisser son arme. Ailleurs, les hommes et les sidoniens étaient toujours en train de s’entretuer à bord.

       –Il ne sert à rien de tous les tuer !  Hurla OCS-28.

Quand soudain trois sidoniens de la passerelle se couchèrent au sol par eux-mêmes et se mirent en transe comme le fut leur troisième officier charlie.

       –Nous sommes régis par un algorithme décroissant, quand tous les plus hauts gradés qui ont réagis les premiers sont morts. Cela va instantanément descendre en chaine vers les moins gradés, mais les plus nombreux. Ça risque d’être un carnage à bord, reprit OS-261

       –Je ne sais pas l’expliquer mais c’est à moitié vrai. On peut à nouveau être libre de faire ses choix sans la peur comme moteur, comme vous et moi. Certains vont penser et ne vont pas forcément suivre cet ordre, alors qu’au contraire d’autres vont continuer d’exécuter les taches ordonnés par leurs référents supérieurs. Ceux-là sont de vraies coquilles vides, comme c’est le cas de ce qui reste de mon équipage.

       –Oui mais dans votre cas, vos coquilles vides obéissent ! Sur l’Atlas, elles ont ordre de se rebeller contre un supérieur hors ligne pour autodétruire le vaisseau par crainte de mutinerie humaine. Car le commandant suprême n’apprécierait pas de voir l’Atlas rejoindre la septième flotte.

       –OS-261, Il est vrai que dans mon cas, ils pensent toujours faire ce qui dans l’intérêt de l’empereur à travers moi, répondit OCS-28.

       –Que voulez-vous faire ? Demanda Murphy.

       –Il faut cesser le carnage, envoyez vos hommes aux points névralgiques du vaisseau. Ceux des nôtres qui sont perdus vont chercher à nuire à l’Atlas, il faut les éliminer. Quant à vous, Charlie faites passer un message vocal dans ce vaisseau pour laisser le choix à ceux qui le peuvent, de se retrouver afin d’abandonner le combat et de se rendre. Commandant Murphy, dites à vos hommes d’épargner ceux qui se rendent, répondit le commandant sidonien.

       –Vous comptez tuer des sidoniens ? Demanda l’officier Terrien. OCS-28 regarda au sol l’ancien officier en second, accordant déjà un élément de réponse.

       –Oui. Certains d’entre nous sont déjà partis de leurs corps. Ils ne font qu’obéir et ne savent plus penser, ils sont de vrais machines obéissantes à Stanislas. 

       L’officier Janis accompagnés d’autres hommes de la passerelle allèrent dans les coursives adjacentes pour défendre la passerelle. De nombreux sidoniens firent le choix  de se rendre, d’autres furent abattus injustement. Malgré tout, des hommes d’équipage continuaient à suivre des sidoniens obéissants, motivés et endoctrinés par la peur de Stanislas. C’était la confusion la plus totale et tous étaient en train de s’entretuer.            Heureusement, grâce au conseil avisé d’OCS-28, les hommes de confiance de Murphy tinrent les points sensibles du vaisseau. Au même  moment le radar avait détecta quelque chose sans pourvoir l’identifier dans cette univers orageux.

       Soudain, la poussière magnétique se dégagea, brisé par la figure de proue du vaisseau Bellérophon, suivi du reste de la septième flotte.

       –C’est terminé, dit le commandant Murphy. 

       –Non, cela ne fait que commencer commandant, donnez-leur les clefs d’accès de tous les systèmes du vaisseau, répondit OCS-28 en souriant.

       –Vous êtes fou ? Ils pourraient tous nous tuer en quelques instants s’ils le voulaient. Nous nous sommes fait la guerre, nous avons tué des gens chez eux.

       –Ecoutez, quand vous aurez repris le contrôle du vaisseau et c’est ce que je crois. Il vous faudra bien un plan pour plus tard. Vous ne pourrez jamais tenir dans l’espace sans le rationnement de la septième flotte. Il sera inutile de revenir sur le système solaire après ça, vous devrez gagner leur confiance et vous joindre à eux pour continuer le combat. Le combat que l’on doit tous mener, commandant.

       Dans le doute, Murphy et OSS-261 se regardèrent mutuellement.

       –Faites-le. Vous ne devriez pas finir esclaves comme nous, ajouta un soldat sidonien de la passerelle, se réveillant encore groggy.

Ainsi, le commandant Murphy envoya les clefs de lancement de l’Atlas au Bellérophon qui déploya ses chasseurs au même moment. Une communication entrante sonna sur le grand écran, c’était l’amiral Nash. L’écran visiophone s’alluma et les deux hommes se virent, Nathan vit le second officier au sol ainsi que les nombreux trous fait par les balles.

       –Commandant Murphy, pourquoi m’avoir envoyé vos clefs de lancements?  

       –Nous nous rendons à la septième. OCS-28, unique témoin de votre attaque sur Sidonie nous as expliqué que nous devions vous rejoindre. L’empereur Néron n’étant pas ce qu’il prétend être. Mon nouvel officier en second sidonien est d’accord pour se rendre. L’orage magnétique nous protège de l’emprise de Stanislas. Nous voulons rejoindre la septième flotte, nous savons que nous ne pourrions peut-être jamais battre le Rising Sun. Mais les sidoniens à bord ont retrouvés le gout de la liberté, ils m’ont convaincus.

       Au même moment l’armement de l’Atlas était mis hors service ainsi que la commande de bond. Empêchant le vaisseau de fuir ou de se défendre.

       –Vous voyez, ils sont authentiques, déclara inquiet le jeune commandant.

       –Vous savez commandant. J’ai eu très envie de tous vous tuer ces derniers temps. Vous êtes des humains qui avaient acceptés de servir l’ennemi.

       –Amiral ! Ils n’étaient plus l’ennemi ! Il fallait reconstruire les mondes ! Personne ne sut pour la septième flotte. On nous avait dit qu’elle avait été perdue. Ils ont apportés des choses inimaginables à l’humanité en savoir, en science, en technologie. Le gouvernement nous a expliqués que vous étiez l’ennemi de cette paix retrouvé.

       –Major Da Silva, envoyez la documentation vidéo sur l’exécution des trente-cinq mille cinq cent prisonniers civils. 

       Au même moment, Luciano verrouilla les portes puis désactiva la ventilation sur la passerelle de l’Atlas comme l’avait prévu Nathan. Avec effroi, l’équipage de l’Atlas découvrit le sort qui avait été réservé à la famille de la septième flotte ainsi qu’aux résistants de l’occupation sidonienne

       –Voyez-vous, commandant Murphy. Les hommes et les femmes de cette flotte durent tout sacrifié pour continuer un combat jugé perdu. Nous savons de quoi ils sont capables et nous agissons sous notre serment pour protéger la survie et la continuité de l’espèce humaine.

       Puis les humains sur la passerelle de l’Atlas commencèrent à manquer d’air, à s’étouffer. Murphy s’effondra sur sa table tactique. OSS-261 vit que le système était désactivé, elle ne pouvait plus rien y faire sans ses accès. Nathan remarqua qu’elle s’agitait sur l’ordinateur pour rétablir l’air. L’amiral les regardait mourir, il constata que Murphy ne rétablit pas la situation alors qu’il était en train de périr. Il constata aussi les efforts sincères de son nouveau second sidonien.

       –Amiral, vous testez les codes, vous voyez bien qu’ils sont authentiques, dit le commandant OCS-28 qui s’attendit à un test de la septième.

       –Vous êtes le commandant sidonien que nous avons affronté sur Sidonie, n’est-ce pas ? Pourquoi trahir les vôtres ? Demanda Nash.

       –Oui c’est moi. Je suis désormais contre l’empereur et son bras armé Stanislas. Ce dernier a tué plus de la moitié de mon équipage. L’empereur est partie en guerre et il nous a laissé en sous effectifs pour défendre Sidonie, il a plus rien à faire de notre monde. Il nous a tous abandonnés là car il ne s’intéresse qu’aux humains.

Intéressé par son échange avec le commandant sidonien. Face à l’urgence d’oxygène pour les humains sur la passerelle de Murphy, Nathan se tourna vers Luciano.

       –Rétablissez l’oxygène lieutenant. 

Puis il se retourna vers l’écran visiophone pour demander au commandant sidonien.

       –Pourquoi  s’intéresse-il aux humains ?

       –L’empereur s’intéresse à une civilisation composé d’individus vivants, répondit le commandant sidonien

       –A quoi cela lui sert-il ? Demanda Nathan.

       –Amiral, nous nous expliquerons plus tard. Nous sommes en pleine mutinerie ! J’apprécie que vous ayez remis l’air et sauver les hommes. Nous reviendrons vers vous quand l’Atlas sera sécurisé, terminé.

       OSS-261 coupa l’écran visiophone de la passerelle. Murphy et son nouveau second avaient de nouveaux accès à certains paramètres du vaisseau pour diriger cette guerre interne.

       Finalement après plusieurs heures de combats intenses dans les coursives de l’Atlas. Il ressorti que les hommes alliés aux sidoniens se mirent à douter d’eux car ils ne comprirent pas leurs objectifs suicidaires de détruire le vaisseau absolument. Ils avaient obéi par peur de Stanislas, ils comprirent que ces derniers refusaient de communiquer leurs pensées et s’intéressèrent uniquement à un moyen de tous les faire tuer.

       De plus, les messages vocaux incessants du commandant Murphy et d’OSS-261 expliquant leurs vérités avaient eu raison de leurs loyautés. Les hommes, ont tous l’instinct de survie et non les sidoniens à la coquille vide. Alors certains hommes décidèrent de changer de camp et d’aider le commandant.

       Peu à peu, Murphy reprit le contrôle de l’Atlas et les derniers coups de feu cessèrent en éliminant les derniers sidoniens suicidaires. Une fois le calme revenu, il était l’heure du sanglant bilan. Murphy avait perdu presque la moitié de ces effectifs, dont les deux tiers des pertes étaient sidoniennes.

       Au final les sidoniens survivants qui rejoignirent les humains car ils réussirent à penser par eux-mêmes n’étaient plus que qu’une centaine. Quant à eux, les humains n’étaient qu’un peu moins de deux cent personnes. L’Atlas n’était plus divisé mais il était ensanglanté de violet et de rouge. Il était sous le contrôle de l’amiral de la septième flotte. L’équipage était fatigué et inquiet d’être entre les mains des hommes qu’ils combattaient il y a si peu de temps.

       Pendant ce temps, les officiers dirigeants de la septième avaient délibéré et se mirent d’accord sur l’idée de discuter avec les commandants OCS-28 et Murphy. Nathan était convaincu que leurs anciens ennemis avaient des réponses à leurs apportés, surtout  l’ancien officier de Sidonie. Murphy pouvait leur donner des nouvelles de la Terre et de Terra Nova.

       Ainsi, une navette quitta le pont de vol de l’Atlas pour se rendre sur le Bellérophon. Arrivé sur place, Murphy, OSS-261, OCS-28 descendirent de la navette sans escortes et sans armes. Ils étaient face à Nathan, Powell, Logan, Pallas et Keller bien protégés. Le vieil ennemi était entre leurs murs, certains esprits à bord s’échauffèrent.

       Ils se dirigèrent tous vers la salle des opérations, à deux pas de la passerelle afin de discuter. La conversation allait être longue car les deux camps avaient beaucoup de choses à se dire. Ainsi tout le monde prit place, l’amiral ouvrit la discussion :

       –OCS-28, Il serait intéressant de comprendre comment des sidoniens dont vous êtes le représentant ont pu trahir leur race?

       –Nous avons récupérer notre liberté, nous sommes à nouveaux des êtres à part entière qui pensons par nous-même. Nous avons pris conscience que nous n’étions que des machines-esclaves au service d’un seul individu, l’empereur Néron. Alors j’ai fait en sorte de laisser ce choix aux sidoniens présents sur l’Atlas, répondit le commandant OCS-28.

       –Nous nous sommes affrontés, nous avons détruit votre flotte puis bombardé votre monde. Malgré tout ça, vous êtes le premier sidonien à avoir voulu changer de camp. Comment cela a-t-il pu arriver ? Quand nous sommes revenues et avons appris pour la défaite des humains. Il y a bientôt deux ans, nous avons continué le combat sur le champ, demanda Powell.

       –Commandant, lorsque je veillé sur Sidonie. Je voyais notre monde s’écrouler, les civils étaient piégés dans des rêves éternels, entretenus par la technologie. Un jour l’empereur et la flotte sont partis en guerre et ils nous ont laissés. C’était une sorte de délivrance, loin de lui et de Stanislas, sans leurs emprises, nous autres en orbite dans nos vaisseaux encore éveillés avons pu retrouver un peu de place dans nos têtes. C’était court par rapport aux siècles qui venaient de s’écouler mais c’était plaisant. De nouveaux liens  se créèrent parmi l’équipage, des choses qui avaient disparus de nous depuis longtemps. On avait l’impression de renaitre, mais pas tous, certains semblaient être partis depuis longtemps, ceux-là n’avaient plus d’esprits. Puis un jour, vous êtes arrivés et nous avons été surpris car nous ne savions pas que nous avions gagné la guerre et vous ne pouviez pas connaitre Sidonie. Après cette bataille, nous sommes repartis sur Terre, prévenir l’empereur. Stanislas s’est contenté de lire en nous, il a instantanément tué tous les sidoniens qui étaient en colère contre l’empereur mais il a surtout éliminé ceux qui pensaient librement.

       –Pourquoi vous avoir épargné alors ? Demanda Logan.

       –Stanislas m’a laissé seul avec un équipage qui n’avait plus d’esprit. Ils obéissent bêtement. Le problème de ces individus là c’est qu’ils sont incapables de réfléchir correctement pour s’adapter. Je suppose qu’ils voulaient garder au moins un commandant pas trop idiot à la tête de mon vaisseau, les autres n’étant pas nécessaires. Puis je m’étais soumis à sa volonté jusqu’à ce que le Lazare détruise mon transpondeur accidentellement. Je ne l’ai plus craint et je me suis arraché ma puce émettrice. J’ai souffert, je me suis rappeler de lointains souvenirs de la vie avant tout cela, tout était enfoui en moi et j’avais oublié, exclama tristement le commandant sidonien.

       Logan se tourna vers le commandant Murphy et lui demanda :

       –Murphy, pourquoi avoir rejoint une flotte sidonienne ?

       –A l’époque, le commandant suprême avait fait pression sur le ministère pour nous mobiliser. Ils espéraient vous forcer à vous rendre ou à vous déstabiliser d’user l’aegis sur des humains. Le message était de vous dire que vous étiez seuls, que les humains avaient acceptés les sidoniens et que vous étiez un trouble à cette paix.

       –Des gens le pensent-ils réellement sur Terre? Demanda Nathan.

       –Oui, beaucoup finissent par apprécier les sidoniens. Ils ont apportés énormément de choses aux humains en sciences médicales, physiques, technologies, biomécaniques. C’est d’ailleurs ce dernier point qui rendit nos pilotes de chasse améliorés plus efficaces que les vôtres.

       Powell et Nathan se regardèrent, ils venaient d’avoir une réponse à une vieille interrogation. Ils comprirent que les sidoniens avaient augmenté artificiellement des pilotes humains. Nathan fit le lien, puis il en profita pour essayer d’avoir une réponse à une autre interrogation tout aussi vieille.

       –Commandant OCS-28, seriez-vous me dire quelle est la nature des précieux chargements de tankers qui vont et viennent entre nos mondes respectifs ?

       –Il s’agit de pièces détachées biomécanisés destinés à transformer certains humains comme nous.

       Les quatre officiers humains étaient peu surpris de la réponse, ils s’y attendaient.

       –Quelle est la finalité de tout cela ? Demanda l’amiral.

       –Tous les sidoniens ont la vie éternelle. Mais nos esprits se meurent et se fatiguent avec le temps, surtout quand il s’agit de servir l’Empereur. Il aime se servir de l’imaginaire des autres pour se distraire afin d’avoir accès à des choses que son vieil esprit fatigué n’imagine plus. Il vit depuis plus de trois cent ans et il s’est servi de l’esprit des sidoniens jusqu’à ce que cela ne lui suffise plus, civilisation à bout de souffle et complètement euthanasié. Il a aussi tenté de se servir d’une autre race qui s’est éteinte sous nos bombes, il s’agissait de la planète Orion. Face à cet échec, il cherche désormais de nouveaux esprits créatifs pour nourrir le sien vidé. Pour cela, il compte se servir du vivier  l’humain.

       –Comment une telle chose peut arriver ? Vous voulez que cette guerre résulte de la mégalomanie d’un seul être ? Demanda Powell.

       –Il faut savoir deux choses. Premièrement, nous ne sommes plus des êtres vivants depuis longtemps avec la vie éternelle. Deuxièmement, nous étions une race dont la croissance se fit sur l’outil de la connaissance et non plus sur la production. Un jour, notre civilisation s’était figée car il n’y avait plus assez de sang neuf. Les derniers génies se sont éteins quand les plus puissants volèrent leurs idées directement dans leurs têtes. C’était arrivé progressivement quand nous leurs avons offert toutes nos libertés y compris les plus intimes, nos pensées. Cela les rendit encore plus puissants, jusqu’à ce tous les sidoniens qui refusèrent d’être esclaves mentales se réfugièrent dans des cocons de rêves. Pendant ce temps, les puissantes castes dirigeantes étaient de moins en moins nombreuses, monopolisant de plus en plus de pouvoir. Parce qu’ils étaient de plus en plus gourmands et qu’il y avait de moins en moins de ressources de pensée. Il y avait eu toujours plus de pouvoirs transférés à toujours moins d’individus, dans l’espoir qu’ils puissent mieux servir. En réalité, ils n’ont fait que l’utiliser pour mieux nous contrôler, nous avons suivi une spirale infernale vers le fond. Je comprends mieux tout cela maintenant que je peux penser vite et librement.

       –Quelle est leur plan pour nos mondes ? Demanda Nash.

       –Le même avenir que le nôtre, amiral. Mais il ne fera pas trois fois la même erreur, comme pour Sidonie et Orion. Je pense qu’il compte mécaniser une partie de votre espèce pour se nourrir de leurs esprits. Il compte fusionner une partie de nos deux espèces en quelque sorte. Il en laissera une partie organique, afin de toujours pouvoir disposer d’un vivier de nouveaux individus qui apporteront de nouvelles choses. Il fera de sorte que ce soit un privilège pour un humain de devenir biomécanique. Au final, il ne fera que se nourrir de leurs esprits et de leurs efforts pour son seul bien-être. C’est comme une drogue pour l’empereur, répondit OSS-261.

       –A terme, Il finira par recycler les humains mécanisés usés de l’esprit car ne lui apporteront plus rien. Tout comme quand il a abandonné Sidonie et que beaucoup d’entre nous se suicidèrent. Ils étaient ramassés pour finir dans une usine de recyclage avant de faire le voyage dans un tanker pour être acheminé sur vos mondes afin de contenir un esprit humain, ajouta OCS-28.

       –Du sang neuf  vous avez dit? Cela pourrait peut-être expliquer la politique de maternité du gouvernement fédérale d’avant guerre, s’interrogea Nash.

       –Impossible, cela signifiait la complicité du gouvernement, or beaucoup de ces membres dont le président sont morts lors des bombardements, rétorqua Murphy.

       –Comment en êtes-vous arrivés là ? Vous étiez organiques avant ? Demanda le Docteur Keller.

       –L’histoire des sidoniens est peu glorieuse. Comme vous avez pu le constater, notre système plantaire est composé de deux planètes jumelles. Jumelles mais tellement différentes, deux civilisations et deux parcours différents. Je ne fais que vous rapportez ce que les livres et les anciens m’ont rapportés sur nos origines. Autrefois, il existait deux mondes viables et sains dans notre système avec deux choix de civilisations radicalement opposés. Le nôtre basé sur la production, la technologie, la puissance militaire, la croissance économique dépendante de la consommation d’énergies épuisables. Le choix de civilisation de nos voisins, nos frères étaient différents. Ces gens-là vivaient plus simplement, ne s’encombrait pas de la technologie, de l’accumulation de richesses matériels et vivaient au jour le jour. Ils se contentaient de vivre sur un monde basé sur la richesse du partage économique, des biens et des savoirs. Notre monde les observait depuis des années avec ses satellites et s’enorgueillit de sa puissance par rapport à leur primitivité. Notre monde, par objectivité paranoïaque était rassuré d’être toujours en avance technologique. Alors que nous progressions, jamais eux n’évoluèrent plus qu’il n’en fallu. Les siècles passèrent et la civilisation sidonienne arriva à épuisement de ses ressources de son monde d’origine et à la surpopulation. A bout de souffle et sans avenir, il fut décidé de migrer dans le monde d’en face, peu à peu, faute d’alternatives. Jusque-là protégés, les autochtones furent chassés puis exterminés au fur et à mesure que nous nous développions sur leur monde. Au final, ces gens-là finirent par disparaître de la surface de la nouvelle Sidonie, assimilés ou morts. Nous avons continué notre expansion, nos progrès technologiques et spatiaux, nous avons commencé à consommer ce nouveau monde vierge et reproduisons la même erreur qu’autrefois. Au bout de deux siècles de colonisation expansibles, nos scientifiques nous alarment unanimement d’un fait unique, exceptionnel et incompréhensible. Notre soleil se meurt, et toute existence organique est condamnée à mourir dans le noir dans moins d’un siècle. Cela fut le plus grand défi pour la race sidonienne, beaucoup virent cela comme une punition divine pour avoir massacré nos frères. Car au final, bien qu’ils ne fussent pas comme nous, ils n’avaient pas besoin de nous. N’ayant pas les possibilités technologiques de fuir ce système planétaire. Les différents gouvernements démocratiques qui se sont succédé avaient décidés de mettre tous les moyens possibles et imaginables à l’œuvre afin de mécaniser notre civilisation. Car il fallait survivre au black-out total. Plus de lumière, plus de nourriture, des températures extrêmement basses. Un monde glacial, sombre et désertique nous attendait. C’est dans ce contexte que je suis né, je n’avais que huit ans quand j’ai été séparé de mes parents car j’avais été sélectionné pour le processus de mécanisation tout juste mit au point. J’ai été transformé lorsque j’avais vingt ans. Je me souviens de ces débuts, c’était dur, j’avais l’impression d’être prisonnier. J’avais perdu certains sens, mais d’un autre côté j’étais plus fort, plus intelligent. Nous étions adaptés pour survivre dans ce nouveau monde. Peu de gens avait accès à cette technologie, c’était un privilège. Tout le monde ne pouvait être sauvé et c’était une vraie course contre la montre. J’ai été formé pour tenter d’assurer un semblant d’ordre sur ce monde futur. Quelques années plus tard, le temps d’une vie. Notre soleil se coucha pour la dernière fois, il s’était éteint en naine. Les ténèbres et le chaos s’abattu sur ce monde bâti sur le sang de nos frères que nous avons impunément éliminé. Ce chaos ne dura pas, les derniers êtres vivants finirent pas s’éteindre assez rapidement et le calme fut retrouvé. Les prochains objectifs pour nos scientifiques étaient de développer notre technologie d’exploration spatiale, elle fut mise au point pour les longs trajets en moins de cinquante années humaines. Beaucoup commençaient à caresser le rêve de redevenir des êtres organiques en se disant qu’il fallait un nouveau monde. Nous avions connu une période de développement fort prospère ce siècle durant, basé sur les savoirs et la connaissance. Nous ne voulions plus faire d’erreurs, mais plongée dans les ténèbres et seuls, notre civilisation perdit pied. Elle continua à se deviser et à s’affaiblir, les plus faibles s’isolèrent dans le virtuel. Les plus puissants cherchaient à prendre toujours plus de pouvoirs. Tous ces troubles ont conduit à des castes dirigeantes de moins en moins nombreuses mais de plus en plus gourmandes. Jusqu’au jour où les pleins pouvoirs, même ceux de vie ou de mort ne furent délégué et centralisé qu’à une seule et unique personne, l’ancien président devenu l’empereur Néron suite à la grande guerre d’Orion. Il promut son bras droit armée, le commandant suprême Stanislas, ancien amiral de la flotte afin de le seconder, expliqua longuement le commandant sidonien. Tous les protagonistes humains étaient stupéfaits d’apprendre les circonstances de la mécanisation sidonienne.

       –Lors de notre voyage vers Z-BX-34, nous sommes tombés sur une planète noire  potentiellement viable dans sa nébuleuse. Nous avons retrouvé des traces du spectre énergétique sidonien dans le sol contaminé, demanda Nathan.

       –Ce que vous appelez la planète noire n’est autre qu’Orion. Il y avait bien une civilisation qui habitait là-bas, il y a plus d’un siècle. Ils étaient la première civilisation avancé que l’exploration spatial nous as permis de découvrir. Ils avaient un niveau technologique spatial bien plus faible que nous. Les sidoniens ont commercés avec eux durant plusieurs décennies jusqu’à la guerre.

       –Pourquoi la guerre ? Demanda le Docteur.

       –Ca a très vite dégénérer sur ce monde. C’est à ce moment précis que Néron a enfin pris et exercé les pleins pouvoirs. Il décida unanimement de les exterminer, officiellement pour éviter qu’ils ne nous attaquent un jour. Je déduis qu’il a dut éliminer ces derniers rivaux là-bas car il n’est jamais parvenu à les soumettre à la mécanisation, déclara-t-il en regardant Pallas.

       –Je constate que votre croiseur à subit quelques améliorations défensives similaires aux croiseurs humains ? Demanda Powell.

       –Cela fait partie des améliorations que le commandant suprême met en place pour renforcer notre flotte. Nous avons perdu beaucoup de vaisseaux et de personnel en combat contre la septième, difficilement remplaçable, lui répondit le commandant.

       –De combien de vaisseaux disposent les sidoniens ?

       –Un peu près autant que les humains en termes de nombre et de puissance. Il faut compter une centaine de croiseurs en service, vous en avez éradiqué une partie significative, répondit l’officier OS-261.

       –Comment avons-nous pu perdre si facilement ? Enchérit le major Da Silva.

       –Le puissant vaisseau-monde, le Rising Sun. Il est d’une taille impressionnante et d’une puissance de feu inégalable. Il fut l’invité surprise à la bataille de Terra Nova pour soit disant chasser le Lazare avant de nous attaquer. J’étais second sur le Chronos au moment où les sidoniens nous ont attaqués avec. Ce vaisseau possède un canon photonique aussi puissant que l’aegis sans contrôle, ils n’ont pas cette technologie. Il ne lui a fallu que deux tirs pour défaire notre puissant vaisseau amiral de la flotte, le Pax Terra Nova, témoigna le commandant Murphy.

       –Qu’est-il advenu du Pégase ? Demanda Nathan.

       –Il a été neutralisé et remorqué, comme le Chronos. Je n’ai pas pu en savoir plus, il y avait tellement de vaisseaux, de morts, amiral.

       –Quoiqu’il en soit amiral, vous savez que vous devez agir vite. Les sidoniens savent s’adapter et ils finiront par renforcer leurs croiseurs. Réorganiser une flotte humaine ou hybride pour vous chasser et déstabiliser. Ils cibleront toujours le Bellérophon, car sans cela, ils savent que votre combat est techniquement vain, répliqua le commandant OCS-28.

       –Murphy, quelle est la situation sur Terre. Tu m’as dit que les gens étaient divisés, sont-ils tous dévoués à la civilisation sidonienne ? Interrogea Nash.

       –J’ai l’impression que tous ceux qui leurs sont dévoués sont ceux qui ont gagnés durant cette guerre. Je pense à ceux qui ont profités en premier de la vie éternelle promise par les sidoniens. Hauts fonctionnaires, personnalités industrielles et financières, comme ceux du consortium bancaire.

       –Qu’est-il advenu de l’ancienne ministre de la défense Swan ? Demanda Nathan.

       –C’est la seule encore en place, elle a ordonné la mobilisation de l’Atlas, répondit Murphy

       –Swan ne vous a pas choisie par hasard, ajouta le Capitaine Pallas. Etonnés, tout le monde sauf Nathan fixa le pirate.

       –Vous vous connaissez ? Demanda Murphy à Pallas.

       –Cela n’a pas d’importance commandant. Elle vous a choisi pour l’Atlas car elle savait que vous ne serviriez pas les sidoniens, et que vous rejoindriez l’amiral à la première lueur d’espoir.

       Pallas se leva et se tourna vers Nathan. Il reprit la parole sur un ton élevé afin de capter l’attention de tous.

       –Amiral, c’est elle qui vous a guidé à moi et c’est elle qui a composé la septième flotte et votre équipage dont chacun à eut son utilité, même s‘ils ne sont plus là. La ministre et tous autant que vous êtes, présents dans cette pièce, vous êtes les vers de la pomme. Vous êtes des électrons libres qui refusent de se conditionner au cynisme, à l’uniformisme. Vous êtes tous réunit pour mettre fin à ce cycle, pour en établir un nouveau qui repartira sur de nouvelles bases saines. 

       Puis, Pallas sortit de la pièce. Tous étaient abasourdis par cette sortie du silence assez fracassante de Pallas. Nathan avait foi en cet homme. Il avait bel et bien été guidé et il était parfaitement conscient que bien des choses lui échappèrent.

       –Qu’entends-t-il par vous avez été guidé jusqu’à lui ? Lui demanda Da Sylvia.

       –C’est la ministre qui m’a indiqué la route pour Gaia, où le Lazare semblait nous attendre. Le Naglfar sur la route me confirma que j’étais sur la bonne voie. Aujourd’hui, nous sommes tous réunis à cause d’elle, ce qui m’amène à penser qu’en nous protégeant, elle devait se douter que la guerre arrivera.

       Etonnée, dépitée de n’en avoir rien su, le major se sentie trahie par l’amiral mais il lui rappela les tensions qu’il y avait entre eux deux en cette période trouble. Mais surtout que le manque de fiabilité sur le chemin qu’ils prenaient n’aller pas arranger les choses vis-à-vis de l’équipage sur lequel elle était influente. Le docteur Keller, qui était au courant du journal de la petite fille et pour le vaisseau fantôme confirma les doutes de l’amiral. Le major renonça à son sentiment de colère, il y avait plus urgent à penser.

       Le commandant Murphy reprit alors ses propos :

       –Il y a sur Terre et Terra Nova, des gens qui n’apprécient pas le régime sidonien. Ils pourraient se battre s’ils y avaient une lueur d’espoir, mais la répression est forte. Tous savent qu’ils contrôlent le ciel, avec cette menace permanente que même s’ils parviennent sans trop de mal à les repousser au sol. Les humains savent que les sidoniens peuvent se venger depuis l’orbite. C’est une épée de Damoclès insoluble pour eux, Rising Sun protège l’orbite de la Terre.

       –Je peux vous dire tout ce qu’il y a à savoir le la Verrière. Ils commencent seulement à produire sur place sur vos mondes, mais en attendant la Verrière fournit les deux tiers des pièces détachés pour mécaniser les humains. Défaire cet avant-poste peut être une cible tentante qui ralentira les opérations de l’empereur. Sachez que c’est une place forte et très bien défendue, surtout depuis que Sidonie est tombé. Stanislas a dut mettre les bouchés doubles, même si vous ignorez sa position. Désormais, il sera prudent, vous n’étiez pas sensé savoir où se trouvait Sidonie jusqu’à ce que l’apprenne à Stanislas, proposa le commandant OCS-28.

       –Nous allons réfléchir à tout cela, en attendant, nous gardons les clefs maîtresses de vos vaisseaux. Vous êtes de la septième, sous tutelle, ajouta Nash.

       Tous sortirent de la pièce, OCS-28 regagna son vaisseau ainsi que Murphy et son second. Nathan, Powell et Da Silva eurent une conversation très franche au sujet de la confiance qu’ils pouvaient accorder ou non à leurs nouveaux alliés. Car malgré tout, ils leur avaient fournir des informations très précieuses sur les forces sidoniennes, leurs ambitions, leurs fonctionnements et même leurs origines. Ils pouvaient enfin faire un état des lieux de la Terre et la menace du Rising Sun sembla être très sérieuse.

       Ils sentirent qu’il était temps de passer à la vitesse supérieur en attaquant « La Verrière ». Cela semblait être une opportunité qui n’était pas négligeable si le commandant OCS-28 disait la vérité. Si toutefois cela n’était pas un piège pour en finir définitivement avec la septième.

       Une fois seul dans ses quartiers, et afin d’en avoir le cœur net, Nathan demanda la passerelle du capitaine Pallas depuis son oreillette. Il faisait confiance à cet homme étrange. De plus son discours dans la salle des opérations ne pouvait être anodin, comme tout le reste.

       –Amiral.

       –Capitaine.

       –Seriez-vous envahi de doutes, amiral ? Demanda Pallas.

       –Pensez-vous. J’ai besoin de savoir si l’ont peux faire confiance à nos nouveaux alliées. Les choses doivent avancer maintenant, mais si je pars en guerre avec eux, je prendrai un très gros risque.

       –En effet, c’est quitte ou double, vous avez du mal à voir que vous avez tous un intérêt en commun dans cette union. Nous devons partir en guerre à cinq, amiral. Il faut montrer à Néron que cinq camps aux objectifs différents ont su devenir forts en trouvant un point de convergence pour se battre contre lui. Soyez en certains.

       –Pourquoi protégez-vous la Terre, pourquoi vous n’en avez pas fait autant pour la planète noire, Orion détruite par les sidoniens dans la nébuleuse ?

       –Ils n’ont pas tout détruit, répondit-il.

       –Que voulez-vous dire ?

       –Autrefois, j’étais un individu d’Orion. Je me suis enfui et je fus persécuté par les sidoniens. Un jour, Lazare m’a trouvé et j’en suis devenu son capitaine, gardien de Gaia. D’autres ont su fuir, et leurs énergies continuèrent de briller ailleurs dans l’univers. Certains sont même venus sur Terre à la moitié du 21ème siècle au moment où les sidoniens commencèrent à vouloir changer les miens en machines. Ils ont sauvé la Terre de l’après 3ème guerre mondiale et de la crise énergétique. La période post-pétroleum de progrès que vous y avait connu après est dû à ce que les miens avaient apportés à la Terre. Ils ont permis à votre monde de faire les grands progrès techniques permettant le voyage spatial. Puis Mars, avec la découverte de l’ethérium, de votre survie énergétique, puis la découverte de Terra Nova. Je ne fais que protéger leur travail, même si je n’ai pas toujours réussi. Je suppose que c’est cet héritage et ce flot d’énergie que l’empereur est venu capter sur vos mondes pour lui seul. Néron monopolise trop d’énergies, il a un appétit vorace, il doit être vaincu. Sans quoi, vos mondes se mourront aussi et il cherchera encore sur un autre à se rassasier.

       –D’après OCS-28, Il a prévu de garder une partie de la population organique afin de toujours avoir un vivier frais.

       –Cela ne marchera pas. Il se rendra compte une fois de plus qu’il ne pourra pas tirer l’énergie d’un troupeau de bétail servile. Il essaie d’amadoué la population d’humains pour mieux l’asservir mais ils n’auront plus rien à lui donner s’ils le servent. Tout comme cela est arrivé aux sidoniens qui y ont perdu leurs âmes. Plus il pourra prendre d’énergie, plus il lui en faudra, sinon il souffrira. Sur la planète Orion, il avait atteint le maximum d’êtres souhaitant se convertir, c’était trop vite par rapport à la population, alors il força les autres. Certains qui étaient machine protestèrent alors ils moururent foudroyés par l’algorithme de Néron. Tout a finalement dégénéré, il ne put finalement plus rien en tirer. Alors l’empereur ordonna de tout détruire, puis il dut surement souffrir de la solitude d’un esprit malade, vidé et agonisant. Alors toute sa flotte chercha un nouveau monde pendant presque cent ans, jusqu’au jour où un de ces vaisseaux croisa l’un des vôtres. Cette rencontre scella le destin des humains.

       –Bien des choses prennent leurs sens maintenant. Quand on cherche à voir les choses sous un maximum d’aspects. C’est là qu’on se rend compte que nous ne sommes rien, que nous ne comprendrons jamais tout. Les origines et les motivations réelles de cette guerre, tout ça dépasse même ma propre existence. Je comprends bien que l’empereur de Sidonie est un monstre d’orgueil, d’égoïsme, de cynisme. Il est le mal, absorbant les bonnes énergies pour ne distiller que son poison. Son existence doit cesser, hissez le drapeau noir capitaine, nous partirons en guerre. On se retrouve tous, j’ai bien dit tous sur le Lazare dans douze heures. 

       Aussitôt dit, Nathan contacta son second puis Logan ainsi que Powell pour leur affirmer ses intentions de réunir sa flotte avec celle de l’Atlas et du croiseur sidonien.        Powell était très méfiant par rapport à cette idée, l’amiral lui expliqua qu’ils n’avaient pas le choix que de s’accommoder de cette situation.

       L’amiral utilisa ses douze heures nocturnes pour étudier. La rencontre avec Murphy et OCS-28 l’avait poussé à la réflexion. Il lui parut clair que certains humains étaient complices de la guerre. Alors, il lui fallut comprendre les arcanes du pouvoir. Pour se faire, il étudia le fonctionnement des institutions fédérales et l’économie. Il fut consterné de comprendre que le pouvoir de battre monnaie était officieusement privatisé par le consortium bancaire, les treize grandes banques les plus puissantes.

       Alors, il comprit que cela permettait aux gouverneurs des banques d’influencer financièrement la politique de l’état fédérale. Ils ont pu affaiblir l’armée, l’éducation, mais aussi développer la politique de la maternité et des mondes virtuels, si chère à Néron. Une fois de plus, tout cela ne pouvait être un hasard.  

       Le lendemain tous les dirigeants de la nouvelle flotte étaient réunis à bord du vaisseau pirate. Pour commencer, l’amiral n’aimait pas vraiment le nom du commandant sidonien et de son vaisseau, respectivement appelé OCS-28 et CSG/S.07 tels que Officier Commandant Supérieur numéro 28 et Vaisseau de Combat Groupé de Sidonie flotte numéro 7. Quels tristes noms si fonctionnels ! Nathan demanda à cet homme-machine de reprendre un nom, ce fut le commandant Phénix, et pour le vaisseau, le Prométhée.

       Une fois ces formalités nominatives finis, il fallait plancher sur un plan de bataille pour détruire la Verrière. Les anciens de la septième comptaient beaucoup sur les nouveaux arrivants de la flotte. Ils n’allaient pas être déçus. Phénix éclaircit avec beaucoup de précisions les forces sidoniennes en présence, les défenses orbitales ainsi que le détail des structures sur la planète.

       Pendant que cet homme-machine parlait. Nathan était si étonné de voir qu’un être pouvait vendre avec autant de volonté sa race et son camp à la destruction. La Verrière, base avancé sidonienne, proche de Terra Nova dans la galaxie Andromède était un point de convergence essentiel des sidoniens. Il était surtout le plus important site de production de corps mécaniques. Sa chute serait une immense victoire pour la cause humaine. Ce fut de longues heures de discussion sur un potentiel plan de bataille. Phénix avait détaillé avec précision les puissantes forces de protection en face, ce commandant sidonien était très intelligent.

       Nathan fut surpris qu’il ne l’ait pas vaincu, puis il se rappela que cet homme-machine n’avait pas été pas libre de ses faits et gestes pendant trop longtemps. Voilà que Phénix accorda plus d’énergie à vaincre son martyr plutôt que des inconnus. Ainsi la dizaine d’officiers les plus influents de la flotte parlèrent stratégie ensemble sous l’arbitrage de l’amiral. Pour lui les choses étaient claires, la Verrière devait tomber quelles que soient les forces en présence.

       Le calcul préliminaire était jouable, il fallait maintenant envoyer les vultures en repérages pour vérifier les informations de Phénix pour bien préparer l’offensive. Pour cela Nathan appréciait avoir du recul, bien que le temps lui soit compté.

       Alors pendant plusieurs jours après cette discussion, la nouvelle flotte des cinq commandés par l’amiral Nash se mit en route vers la Verrière. Cette dernière était appelée ainsi en raison de son immense satellite de verre photovoltaïque qui apporta l’énergie à la base.

       Quelques jours plus tard, une fois proche de ce monde glacé, Nathan envoya les vultures. Ces derniers firent un bond assez loin afin de surveiller et épier les allés et venus sur la Verrière avec une grande attention. Des chasseurs blackhornets furtifs permirent de peaufiner l’espionnage en s’approchant plus. Nathan voulut s’assurer de la véracité des informations du commandant sidonien. Avec Powell, toujours réticent à cette opération, ils constataient que ces arrivés et venus étaient conformes à ce que disaitPhénix.

       Ils ne négligèrent pas non plus le fait d’avoir un vaisseau sidonien dans sa flotte porté disparu. Il était un atout que l’ennemi allait avoir la surprise de découvrir. Pour Nathan, il fallait toujours jouer sur un effet de surprise, profiter d’avoir le vaisseau sidonien Prométhée à ses côtés pour prendre l’avantage du combat rapidement.

       Les dirigeants de la septième flotte se rejoignirent régulièrement pour faire l’examen des rapports d’espionnages ramenés par Miller. Au bout d’un mois d’observation, la stratégie à aborder se clarifia pour tous. Les ennemis étaient plus nombreux et plus puissants, comme toujours. Il fallait alors compter sur le fameux effet de surprise et sur leurs nouveaux alliés.

       Ainsi, l’amiral déclara à toute la flotte que demain était un nouveau jour pour mourir, ils partiraient encore en guerre. C’était alors le moment de compter à nouveau le temps. Da Silva et Miller ne se cachés plus trop et ils occupèrent les quartiers de cette dernière.

       –Est-ce que tout ceci s’arrêtera un jour ? A quoi tout cela sert-il ? Demanda-t-elle, tout en caressant son ventre.

       –Pour les générations futures, répondit observateur le capitaine Miller.

       –Ce n’est pas ça que je veux dire ! Nous n’avons jamais cessé de nous battre. Et demain encore, on risque nos vies, pourquoi ?

       –Lydie, nous n’avons pas le choix. Tout repose sur nous et nous avons eu nos succès. Tu as entendu comme moi ce qu’a dit Phénixsur l’empereur de Sidonie. On ne peut pas laisser Néron utiliser nos vies pour son profit mégalomane, il doit mourir.

       Les deux amoureux s’enlacèrent pour s’endormir. Ils savaient inconsciemment que l’étau de la guerre était en train de se resserrer. L’issu de ce voyage et de leur long combat était pour bientôt. Miller était persuadé d’être une force de la nature. Il savait qu’il fallait souffrir, connaitre des plaisirs intenses et courts pour vivre pleinement sa vie afin de trouver les forces de remplir ses missions périlleuses.

       Pour lui, trop de personnes avides et malsaines faisaient souffrir les autres dans cette éternelle compétition du pouvoir, tels que Néron ou certains humains. Il fallait que ces puissantes personnes imposantes disparaissent afin de laisser de la place aux autres.

       L’amiral et Powell discutèrent également de leur côté en buvant un whisky de 2035. Il ne fallut pas en abuser pour avoir du temps de sommeil, bien qu’ils le trouvèrent difficilement. Nathan lui confia qu’il faudra bien songer à trouver un moyen de détruire le puissant Rising Sun afin de libérer un jour la Terre.

       James Powell ne le contraria pas, sceptique mais confiant envers les choix de Nathan. Quelque peu sous, ils rirent ensemble de cette tâche qui sembla impossible. Powell quitta les quartiers de l’amiral en titubant pour retourner sur l’Andrasta. Nathan alla se coucher à son tour, toujours en ayant sa tablette en main. Il pensera éternellement à elles avant de plonger dans la nuit noire du sommeil.