XII – Tribut Scène Finale « Ordo ab chao » « L’ordre nait du chaos » Devise Franc-maçonnique ayant traversé les âges. La septième flotte était toujours cachée près du système solaire, tapis dans l’ombre des géantes gazeuses. Les premiers relevés d’espionnages apportés avaient un certain intérêt pour Nathan. Malheureusement, le nombre croissant de patrouilles força souvent la flotte à changer de cache. Comme prévu, Nathan avait réuni tous les commandants ainsi que tous les officiers de la flotte dans la salle des opérations de son vaisseau. Nathan ne pouvait s’empêcher de regretter l’absence de ces anciens compagnons de passerelle, morts. Devant la petite assemblée, l’amiral pris la parole. –Pour les plus anciens, cela fait plus d’un an et demi que nous nous battons. Pourquoi ? Car nous avons refusé de laisser le destin de l’humanité entre les mains d’une autre civilisation. Nous avons refusé d’abandonner, la flotte s’est renforcée d’alliés extraordinaires, avec les pirates du Lazare, les rebelles de l’Atlas et du Prométhée. Je suis aujourd’hui conscient que nous sommes tous à bout. Le Bellérophon ne pourra plus jamais combattre comme autrefois, sa structure même est endommagée. Nous avons aussi perdu plus de la moitié de nos pilotes de chasse. Je ne souhaite plus que l’on se batte encore entre nous. Je compte bien tenir la promesse que j’ai faite de vous ramener chez vous, sans avoir à être assujettis. Je vous ai tous réunis ce soir pour vous parler d’un plan qui permettrait de mettre un terme au règne de Néron et de Stanislas. Commandant Phénix, à vous. –Merci amiral. Si nous voulons mettre à terme à l’occupation des miens, nous devons parvenir à détruire le Rising Sun. Il est le domicile de l’empereur et du commandant suprême ainsi que de toute la caste politique et militaire. Il est le symbole de la puissance de l’armée impériale sidonienne, tout repose sur ce titanesque édifice. –Beaucoup d’entre nous savent bien que cette forteresse est beaucoup trop puissante pour être détruite, toute la septième flotte n’y suffirait pas, demanda le lieutenant Janis. –En effet lieutenant, le Rising Sun est un vaisseau monde d’une puissance inimaginable. Il possède un canon lourd à photon et une cinquantaine de tourelles, des boucliers filtrants pour ses hangars. Sa coque est si épaisse et également protégée par un bouclier. Le tout alimenté par une naine rouge que nos anciens savants avaient réussis à capturer pour en puiser l’énergie. De plus, ce vaisseau est toujours escorté par une flotte d’une vingtaine de bâtiments de guerre en tout genre. –Et un tir d’aegis ? Demanda Miller. –D’après le docteur Haiden, même chargé au maximum, sa puissance de feu serait insignifiante pour faire suffisamment de dégâts et passer à travers ses boucliers. –Comment comptez-vous le vaincre alors ? Demanda le second de Powell. –Le seul moyen de le vaincre n’est pas de le combattre frontalement. Il faut que l’on puisse l’infiltrer de l’intérieur. C’est une idée sur laquelle j’ai longuement réfléchi avec Phénix. C’est d’ailleurs pour cela que je me suis obstiné sur la poursuite de l’Eureka Nine, répondit l’amiral. Aussitôt Da Silva regarda Nathan et lui demanda : –Que comptez-vous faire avec ce vaisseau ? –Nous souhaitons nous en servir comme cheval de Troie avec le commandant Phénix à son bord. Pour l’instant, les sidoniens ignorent que nous avons repris le contrôle du vaisseau. Ils pensent qu’il est toujours en chemin vers la Terre. –Ils ne vous détecteront pas ? J’ai cru comprendre que les sidoniens étaient connectés entre eux, s’interrogea Powell. –C’est vrai, mais je suis hors-réseau. Cela dit, ils peuvent détecter ma signature énergétique. Alors je me désactiverai en sommeil profond bien caché dans une cloison car ils fouilleront le vaisseau. Je me réveillerai ultérieurement à bord à l’aide d’un minuteur. A mon réveil, je me ferai discret jusqu’aux salles des machines du Rising Sun pour désactiver ses boucliers, puis l’amiral entrera en scène, répondit le commandant sidonien. –Qui vous dit que l’Eureka Nine sera apponté sur le Rising Sun ? Demanda Miller. –Ils savent que ce vaisseau est un atout précieux pour la septième flotte, ils ont vus qu’on l’a inlassablement poursuivi. Alors ils chercheront à le protéger à tout prix dans leur forteresse, espérant même vous forcer à venir le chercher, répondit Phénix. –De plus, ils vont surement s’intéresser au minerai d’ethérium extrait du satellite de Gaia, enchérit le capitaine Pallas avec l’approbation du docteur Haiden. –Et si vous échouez à stopper les boucliers ? Nous aurons perdu l’Eureka, demanda le lieutenant Janis. –Je connais le Rising Sun, ils ne me détecteront pas immédiatement. Ils réagiront trop tardivement, c’est une certitude, répondit Phénix –Même si nous parvenons à détruire le vaisseau monde sidonien. Comment nous pourrons délivrer nos mondes depuis l’espace ? Demanda le Docteur Keller. –C’est simple, les sidoniens se servent du système Panopticon pour relayer les informations d’ordres émanant des directives de Stanislas depuis le Rising Sun. Ils utilisent des machines automatisés pour le maintien de l’ordre, faute de personnel. Sans le commandant suprême et l’ordinateur central du Rising Sun. Tout le système de commandement tombe comme un château de cartes. La flotte sidonienne, les officiers terrestres, les machines, tous seront complètement perdus sans Stanislas et Néron qui centralisent les pensées sur eux, répondit Phénix. –Il faut savoir qu’il existe des poches de résistance terrestre sur nos mondes. Si nous parvenons à les synchroniser au moment de la chute du Rising Sun. Les nôtres pourraient facilement reprendre le dessus sur un ennemi désorganisés et très affaiblis, répondit le commandant Murphy. –Il faudrait leur envoyer un signal pour qu’ils reprennent les armes, non ? Demanda le docteur Haiden. –En effet, je compte utiliser l’ancien réseau des ondes depuis Big Ear sur Terre. Je peux connecter un vulture assez facilement et transmettre le message. Malheureusement, il n’y pas d’équivalent sur Terra Nova, cependant si parvenons à récupérer la station Eole, nous pourrons leur envoyer un message grâce aux Panopticon, ajouta le capitaine Miller. –On peut aussi supposer que les Terra Noviens comprennent que l’armée impériale est déstabilisée pour réagir, dit le lieutenant Janis. –Quoiqu’il en soit, sans ses boucliers. Je pourrai faire un bond avec le Bellérophon dans le hangar du Rising Sun. J’avancerai jusqu’à la chambre de la naine rouge, je transpercerai son épaisse coque afin d’y positionner le canon aegis. Je ferai feu dans le cœur de l’astre, la réaction en chaine devrait anéantir le vaisseau monde sidonien, reprit l’amiral. –C’est un allée simple pour vous deux, répondit le major Da Silva d’un air attristé. –Oui major, nous avons beaucoup réfléchi et il n’y a pas d’autres solutions, lui répondit Nash. –La mission est risquée mais je pense bien revenir, major, répondit Miller. –Que fera le reste de la flotte ? Demanda le capitaine Pallas. –Diversion, vous devrez tenir les vaisseaux en ligne de combat. Je ferai un saut éloigné de vous, et les escadrilles évacueront le Bellérophon dans votre direction. Je démarrerai la procédure de feu d’aegis, Ils penseront surement que je voudrai m’en prendre à leur canon photon. Ils me cibleront surement avec car ils craindront malgré tout le feu de l’aegis, surtout sans leurs boucliers. Mais au moment voulu, je ferai mon dernier saut spatial dans les entrailles de leur vaisseau, expliqua l’amiral. –Alors tout sera fini, reprit Powell. –Il est temps d’en finir, suffisamment de personnes sont mortes sous mon commandement. Si je parviens à détruire le Rising Sun et à tuer Néron, vous pourrez libérer les hommes et les sidoniens qui le veulent de l’emprise de l’empereur. Nous aurons tous ensemble une nouvelle chance, ajouta Nash. La réunion était finie, le plan final était établi. Tout le monde sortit de la pièce, excepté le commandant Powell à la demande de Nathan. L’amiral sorti une petite boite d’un tiroir de la table des opérations qu’il tendit à James. Ce dernier l’a prend et l’ouvrit, c’était des étoiles dorées correspondant au même grade de vice-amiral que Nathan. –En tant de guerre, je suis habilité à promouvoir un officier supérieur d’un grade équivalent au mien si je suis dans l’incapacité imminente ou à venir d’effectuer mon commandement. Tu seras promu à ma mort quand ma puce n’émettra plus. Tu auras les clefs de lancement et la responsabilité de la septième flotte. Ca ne sera pas complètement fini lors de la chute du Rising Sun, tu auras peut-être d’importantes choses à accomplir. Dans tous les cas James, tu dois faire confiance à la ministre de la défense, Swan. D’une façon ou d’une autre, c’est grâce à elle si nous avons pu survivre et combattre, lui dit-il. Bien qu’il soit deuxième dans la chaine de commandement, Powell se sentit mal de se dire qu’il allait devoir continuer le combat sans Nathan. Le commandement de la septième flotte allait être de sa responsabilité. Tu verras, ce n’est pas facile tous les jours, commander un vaisseau est une chose, guider sa flotte en est une autre, ajouta Nathan. –Pourquoi tu fais confiance à Swan ? Elle est responsable de la défaite et de l’armistice, elle est toujours en poste, lui demanda le commandant Powell. –Elle a toujours été notre meilleure alliée dans ce conflit. Elle devait savoir que la guerre arrivait et que nous allions la perdre. Nous devions être son plan de secours, elle savait que nous ne serions jamais rendus. Pallas a raison quand il dit qu’elle nous a tous bien choisis, argumenta-t-il. James cherchait à en savoir plus sur la confiance aveugle de Nathan envers Swan. Mais l’amiral avait promis de ne rien jamais rien dire au sujet de Gaia et d’elle. Il se contenta de transmettre sa conviction vis-à-vis d’elle. Powell devrait désormais s’en contenter. –Rassure-toi James, je pense qu’elle finira par entrer en contact avec toi le moment venu. Nathan quitta la pièce pour retourner à son poste sur la passerelle. Pendant ce temps, trois autres personnes avaient une conversation importante, le commandant Phénix ainsi que les lieutenants Janis et OS-261, renommée Mary. –Comme vous le savez, je vais saboter le Rising Sun et je ne serai plus là. Le Prométhée est un croiseur de combat sidonien. Mary, c’est pour cela que je souhaite que tu aies les commandes lorsque je serai parti. Janis, je veux que tu la seconde, vous semblez bien vous entendre tous les deux. Nash et moi pensons qu’il y aura encore beaucoup de travail après la chute du Rising Sun. Nous aurons besoin de gens fiables. Alors je vous confierai mon croiseur mais pas que cela. Mary, tu auras la lourde tâche de libérer et de sauver tous ceux qui le peuvent parmi les nôtres, comme je l’ai fait avec toi. Tu te devras de préserver notre alliance avec les humains. Janis, je compte sur ton humanité pour que jamais Mary ne puisse faillir, elle aura besoin de toi. C’est en partie grâce à l’amour que tu lui as porté quand vous étiez sur l’Atlas qu’elle a pu revenir d’entre les morts. Les humains et les sidoniens auront besoin des uns et des autres pour l’avenir. Vous représentez un morceau de cet avenir, alors veillez à toujours préserver ce pourquoi nous mourrons ce jour. Le lieutenant Janis se demandait comment Phénix put savoir qu’il l’aimer dès qu’il l’avait vue sur la passerelle de l’Atlas. Il répondit qu’il avait senti en elle et que l’énergie qu’il voulut lui donner l’avait fit revenir. Une métaphysique qui nous échappe tous ajouta-t-il. En sortant des quartiers du commandant Phénix, Janis souri en regardant Mary, qui lui rendit son sourire. –Tu étais froide, stoïque et peu bavarde quand on s’est connus, mais j’aimai ton sens de l’organisation, dit-il. –Tu avais réussi par me faire sortir quelques mots hors procédures. Cela me faisait ressentir quelque chose que mon corps biomécanique n’arrivait pas à diagnostiquer. OSS-51 n’aimait pas du tout ça que je sorte du cadre procédurier. Quand il est mort et qu’il n’y avait pas d’autres menaces, je suis revenue à moi et tout à rejaillit. Il t’en avait fallu de la patience, Tim. Pendant ce temps, sur le Bellérophon, c’était la cohue du déménagement. Tout le monde remballait ses affaires et se préparait à quitter le vaisseau amiral. Nash reçu un appel de la passerelle de la part de Murphy. –Amiral, demande du commandant Phénix à transférer les lieutenants Janis et Mary de l’Atlas au Prométhée. L’amiral comprit, que tout comme lui, Phénix pensait à laisser l’héritage des commandes et qu’il avait choisi. Ses choix étaient corrects, ses deux-là représente l’avenir de l’union entre les hommes et les sidoniens libres. Nathan se rendit dans le laboratoire du docteur Keller qui rangea également toutes ses affaires de scientifique. Nathan voulait la remercier de lui avoir sauvé la vie pendant la mutinerie de Sting et Hansen. Elle s’avança vers lui et elle lui fit un bisou tendre sur le coin des lèvres. –Je sais que vous êtes mariés et que vous l’aimerez toujours. Mais vous allez beaucoup me manquer, Nathaniel, dit-elle sur le départ. –Docteur ! Vous aussi vous me manquerez beaucoup, j’ai été heureux de vous avoir à bord et d’avoir eu tous ses moments avec vous, ça m’a permis de me sentir moins seul. Vous avez sauvé la flotte à deux reprises au moment le plus opportun. J’ai un dernier secret à vous confier. L’amiral sorti sur le journal de la petite fille du Naglfar de son uniforme. La scientifique fut intriguée, il rajouta : –Je vous demanderai de le remettre à sa propriétaire en main propre et de ne jamais en parler à personne. –De qui s’agit-il ? S’interrogea-t-elle. –Claire Swan, ministre de la défense avant et d’après la guerre. Elle nous a guidé et ceci doit lui revenir, je vous en remercie d’avance, docteur. L’amiral quitta le laboratoire ainsi que le regard tendre du docteur Keller pour la dernière fois. Il ressentit de la peine et avait le cœur nouée, il avait beaucoup d’affection pour cette femme pleine de qualités. D’ailleurs, il devait en retrouver une autre sur la passerelle, plus têtue. Il s’agit de son officier en second qui coordonne le déménagement du vaisseau amiral. –Un de nos derniers tête à tête, amiral ? Lui demanda attristée Da Silva. –Je suppose que vous préférez vos têtes à tête avec le capitaine Miller, répondit-il amusé. Ils se regardèrent et sourirent, le règlement n’avait plus d’importance depuis longtemps. –D’ailleurs, où en est Miller sur sa mission ? Demanda Nathan. –Il a terminé, il vous présentera son rapport demain. Pour l’instant il est occupé à transférer du matériel. –Bien major, vous excuserez mais j’ai encore une dernière chose à faire. Nathan quitta la passerelle pour se rendre aux prisons, il voulut discuter une dernière fois avec le commandant Logan. Arrivé sur place, il fit ouvrir la porte et ordonna aux gardes de sortir. Nathan s’accroupi face à Logan : –Je connais les raisons qui t’ont poussés à agir comme ça, ta famille n’était pas sur la liste. Le capitaine Reed l’avait modifié pour te pousser à faire cette connerie, ta famille était bien sur la liste d’origine, lui apprit-il. Tu as fait preuve de beaucoup de patience et je le sais. L’Eureka Nine ne participait jamais aux batailles et tu devais nous attendre tout ce temps. L’ex-commandant leva les yeux vers Nathan. –Laisse-moi crever. –Non, je t’ai demandé de ne pas te suicider, car tu as encore de la valeur. Tu sais que je ne suis pas un menteur quand je dis ça. Tu sais que je t’en voudrai toujours pour ce que tu as fait à Luciano et aux hommes que Reed a tué avec ton consentement. Mais voilà, tu peux encore faire quelque chose de bien Logan, malgré que tu aies tout perdu. –Que veux-tu Nath? Demanda intrigué Logan. –Que tu finisses ce que tu as commencé, que tu livres l’Eureka Nine, Logan en ria. –Qu’est-ce que tu mijote Nathan ? –Si tu m’avais laissé un peu de temps, on aurait pu faire ça sans que tu aies à tuer des gens. Les sidoniens ignorent que l’on a intercepté ton vaisseau, ils ne te suspecteront pas. Après tout, tu as sauté pour échapper aux balises Panopticon et à la septième. Tu amènes l’Eureka là où il te l’ordonne, surement à bord du Rising Sun. –Luciano avait raison. Il m’a dit avant de mourir que j’étais en train de tout gâcher, répondit Logan. –Malheureusement, pour que ma manœuvre soit crédible. Je ne peux pas me trouver un nouvel officier commandant pour l’Eureka, car tu t’ai déjà fait connaitre des sidoniens. Ils trouveront cela suspect si ce n’est plus toi aux commandes. Logan, si tu veux une chance de rattraper le mal que tu as fait, la voilà. –Que se passera-t-il ensuite ? –S’ils te transfèrent, tu verras le spectacle depuis les hublots de la station Eole. –Très bien, je ramènerai l’Eureka, pour la septième. –J’ai demandé au lieutenant Peters d’être avec toi, si ça peut te rassurer je tiens à ce qu’il reste vivant. L’amiral quitta la pièce et ordonna que l’officier déchu soit embarqué prisonnier à bord de son ancien vaisseau sous la responsabilité du lieutenant Peters. C’est à ce moment-là, dans les coursives du Bellérophon pleine de vie que Logan affronta les regards méprisants de tout le personnel du vaisseau. Ils méprisaient Logan car tous ont fait d’énormes sacrifices au quotidien et dans chaque combat donné pour réussir à délivrer l’humanité. Pendant que lui, agissant dans son seul intérêt égoïste, abandonna tout ce pourquoi autant de personnes sont mortes et purent encore mourir. Le lendemain, Miller présenta son rapport préliminaire aux officiers supérieurs de la flotte. Ils conclurent que c’était une mission à très haut risque. Pour ne pas se faire repérer lors du bond spatial, le vulture devait faire un bon dans la carcasse d’un ancien destroyer terrien, perdu pendant la guerre. Il devait s’avancer par inertie au plus proche de la Terre en silence radio. Puis, il devait faire la connexion assez facilement avec la station radio Big Ear pour y télécharger son message. Ce serait à ce moment-là que le vulture serait détectable par les sidoniens. Il devait le faire au moment où les patrouilles sidoniennes seraient le plus éloignés pour avoir le plus de temps possible. Plus il serait proche de la Terre, plus il téléchargera vite son message, mais plus il risquera de se faire repérer. Le major Da Silva refusa catégoriquement la mission, sachant son trop grand risque. L’amiral n’était pas étonné de son choix. Les autres officiers étaient dubitatifs quant au risque de perdre un homme de grande valeur. Mais l’envoie de ce message était important, il fallait que les Terriens sachent que la septième flotte existe toujours. Il fallait qu’ils sachent qu’il existe une autre alternative à la mécanisation humaine et à la soumission à l’empereur. Il fallait qu’ils sachent que l’humanité, même si imparfaite, pouvait continuer d’exister par elle-même. Nathan était conscient des risques et referma le rapport du capitaine Miller. –Capitaine Miller, êtes-vous bien conscient des risques et de l’importance de cette mission ? Etes-vous prêt à aller jusqu’au bout pour la réussir ? –Amiral, réussir n’est pas une option mais une nécessité. Je compte bien transmettre ce message à la Terre. Je compte sur vous pour assurer la suite des opérations et libérer l’humanité. –Amiral, sauf votre respect, il est hors de question de prendre le risque de perdre notre chef d’escadrille général. Il possède bien trop de compétence, reprit Da Silva en coupant la parole de Nathan. –Major, le capitaine a décidé de prendre l’opération en charge lui-même. J’ai confiance en lui, s’il faut de la dextérité en pilotage j’ai foi en lui. Il est plus habile que les pilotes biomécaniques de l’Atlas. Je comprends qu’il veuille mener lui-même cette mission. Nous savons tous très bien que si ces opérations que nous planifions réussissent, nous n’aurons plus besoin d’autant de compétences. Seulement Major, nous en avons besoin maintenant pour cette mission. Tous suivirent l’opinion de Nash, sauf elle. Ils s’accordèrent à donner le feu vert à l’opération. Le vulture de cette opération baptisé « Messenger »devrait décoller dans sept jours, c’est ainsi que l’amiral en avait décidé. Nathan savait pour la relation entre Miller et Da Silva, alors il voulait leur accorder du temps car Miller prit de gros risques. Il justifia ce délai aux autres officiers supérieurs car il fallait terminer le déménagement et démarrer l’opération « infiltration » de l’Eureka. Peters et Logan faisait connaissance et le premier surveilla le second. Logan fut pris d’admiration pour Peters qui fut nommé officier de la passerelle par Nash suite à la rébellion de Hansen. Peters avait toujours été peu sollicité mais il sut rester courageux et fidèle à l’amiral car il partageait son ambition de poursuivre le combat jusqu’à la fin. De leur côté, Nash, Powell et Pallas en profitèrent pour savourer la fameuse bouteille de Whisky datant de 2035. C’était le genre de moments précieux qu’il fallait apprécier car ils passaient beaucoup plus vite que ce qu’on aimerait. Charly et Janis étaient ensemble et apprenaient à mieux se connaitre, elle était si curieuse de connaitre son univers et lui était heureux de lui en ouvrir les portes. Après quatre jours de moments de grâce et de calme, il fallut accéléra les choses. En premier temps, il fallait lancer l’opération « infiltration ». Le commandant Phénix quitta la passerelle du Prométhée pour la dernière fois, la laissant entre les mains de Mary et Janis. Il se contenta de leur dire adieu et de prendre soin de son croiseur au passé chargé. Puis, tel un condamné, accompagné de l’amiral, du major et de Pallas, ils se rendirent à bord de l’Eureka. L’officier sidonien allait se mettre en sommeil avec un minuteur de trois jours précisément. Avant de s’éteindre, il déclara : –Hommes libres, merci d’avoir cru en ce qui reste du bon chez les sidoniens. C’était difficile à trouver mais vous avez su. C’est un allé simple, Stanislas fera tout pour sauver le Rising Sun. J’espère que nos successeurs seront sauver la paix pour tous et faire quelque chose de bien ensemble. Je suis heureux d’avoir combattu à vos côtés, je ne me suis jamais senti aussi vivant depuis que je suis éternel. Je suis convaincu que nous nous retrouverons tous un jour. Au revoir mes amis. Phénix saisit l’avant-bras de Nathan avant de s’éteindre de lui-même, plongeant dans un profond sommeil. Tous regardèrent le commandant pour la dernière fois avant de refermer la cloison. Piégé entre deux coursives épaisses du vaisseau pour ne pas être retrouvé, ni détecté. Les personnes présentes ressentirent un grand moment de tristesse. Nathan remonta à la passerelle du vaisseau où il y avait Peters et Logan afin de rendre la clef de lancement. –Messieurs, vous connaissez votre plan de vol et votre scénario. Une fois arrivé sur le Rising Sun, vous avez trois jours pour quitter les lieux. Dans deux jours, Phénix se réveillera et neutralisera les boucliers. S’il réussit, nous viendrons pour en finir. Si les sidoniens ne vous évacuent pas vers Eole, je le regretterai. Mais Logan et Peters avaient acceptés ses conditions. Da Silva émit des doutes sur la loyauté de Logan. Nathan lui expliqua qu’il était en train de réaliser la meilleure option qu’il avait. Puis, l’Eureka Nine fit son bond spatial et quitta la septième flotte vers la Terre. Les deux hommes étaient seuls avec leur cargaison spéciale, ils suivirent le plan à la lettre et furent assez rapidement intercepter par des croiseurs sidoniens. Le commandant Logan justifia qu’il ait dû fuir son escorte car elle était visible sur le réseau Panopticon et qu’elle trahi sa position. Il assura de sa bonne parole qu’il pensait que son escorte serait incapable d’assurer sa défense au vu des défaites subis par les forces impériales. Il eut le temps cette fois-ci de transmettre sa clef de lancement local, son journal de bord, ses registres. Il eut également droit à un abordage et à une fouille complète du vaisseau. Ils arrivèrent le jour-même dans le système solaire. Stanislas ouvrit une communication visuelle avec les deux officiers : –Messieurs ! Qu’il est bon de voir des humains ayant du bon sens. Grâce à vous, les actes illégaux de sabotage de la septième flotte et de ses acolytes prendront bientôt fin. Il est temps que les vôtres prennent conscience que le monde a changé et que l’union de nos civilisations sera le fruit d’une grande coopération pour l’élévation des consciences. Le vaisseau sera encore scanné, fouillé, scruté et les deux hommes seront séparément interrogés. Mais ils étaient formés pour cela ils avaient parfaitement briefés. Comme il se le devait, Logan exigea sa récompense et demanda à voir sa famille promise par Reed. Le commis du commandant suprême lui révéla la vérité, maintenant que l’Eureka Nine était livré. La liste fut trafiquée par Reed, espion sur l’Atlas. Sa famille avait réellement été tuée lors des bombardements mais il fallait motiver des mutineries pour déstabiliser la septième flotte. Il ajouta que certains humains à bord de l’Atlas allaient être récompensés s’ils parvenaient à faire mutiner d’autres humains dans le cas éventuel d’un accord entre l’Atlas et la septième. C’était une assurance supplémentaire de Stanislas si l’Atlas ne pouvait être détruit à distance si son fidèle second sidonien OSS-51 était neutralisé. Reed en faisait partie, il avait presque réussi son pari, il avait su l’influencer. A partir de ce moment, plus rien n’avait d’importance pour le commandant Logan qui se mit à hurler de douleur d’avoir définitivement perdu sa famille. Chose que la commis du commandant observait d’un œil curieux. Elle ne comprenait pas cette souffrance ni son mécanisme mais cela avait le don de l’intrigué. L’Eureka Nine passa les contrôles de sécurité et il était habilité à apponter dans le grand hangar du Rising Sun, comme prévu. Sur demande de Stanislas, les deux hommes devaient subir la configuration biomécanique, la promesse d’une vie éternelle. En réalité, le commandant suprême voulut connaître tous leurs secrets. Il comptait sonder le moindre recoin de leurs esprits pour s’assurer de la défaite de la flotte hétéroclite. Logan demanda à ce que ce soit fait dans les prochains jours sur le Rising Sun. Il tenait à se saouler avec sa dernière bouteille de rhum resté sur l’Eureka, on lui accorda au moins cela car en machine il ne pourra plus jamais boire. Quant au lieutenant Peters, il fut épargner pour l’instant à sa demande et fut transférer sur la station Eole, en attendant son retour sur Terre. Là-bas, il finira plus tard par subir le même processus de transformation que tous les autres humains volontaires. Au sein de la flotte, l’opération Messenger du capitaine Miller était prévue pour le même jour que le sabotage de Phénix. Miller passa la soirée, comme les cinq précédentes avec celle qu’il aimait. Ils en profitèrent comme si c’était la dernière fois, ni l’un ni l’autre ne trouvèrent le sommeil. Mais il fallait bien avoir du repos, alors ils su s’endormirent deux heures avant leurs prises de poste. Puis l’alarme de quart sonna dans les quartiers. Ainsi ils se réveillèrent en sursaut, ils étaient nus et collés l’un à l’autre. Ils se regardèrent comme si c’était la dernière, ils prirent le temps de s’aimer, encore. Puis le devoir les sépara, elle alla sur la passerelle et lui était sur le pont du hangar, prêt à grimper dans son vulture. L’amiral arriva sur la passerelle en même temps que Lydia et ils prirent la relève ensemble. Il ne put lui dire autre chose que bonjour, stressée, Lydia n’était pas loquace et s’inquiétait déjà pour le capitaine Miller. Le Bellérophon fit un bond spatial pour se rapprocher le plus discrètement possible de le Terre. Ce saut fit suite à un rapport d’espionnage positif de vultures de reconnaissance. Le capitaine Miller embarqua et mis son casque puis il quitta le pont d’envol du Bellérophon tout en saluant l’équipage via l’intercom. Son vulture fit un saut spatial dans la carcasse d’un vieux croiseur perdu lors de la guerre proche de la veille Terre. Puis la communication radio fut stoppée nette. Ainsi, l’inertie fit avancer le petit vaisseau vers la Terre. Miller devait attendre le moment idéal avant d’envoyer son signal. Il était seul et la flotte attendit son retour, maintenir un signal avec lui risquer d’être remarqué par l’armée impériale, qui pouvait remonter jusqu’à la flotte. Miller dans son vulture s’avança ainsi par la force gravitationnelle d’inertie jusqu’à la terre comme il l’avait prévu. Un blackhornet, placé par Nathan observa la scène mais il ne pouvait pas non plus communiquer risquant d’être repéré par une patrouille. Ainsi, le vulture continua de s’approcher de la Terre, Miller pouvait enfin se connecter à Big Ear afin de pirater ses faibles défenses datant d’un siècle passé. Il y parvint tout en étant presque en orbite. Malheureusement, une patrouille imprévue passait par là et allait avoir le contact visuel. Alors, le capitaine se leva en sursaut en direction du poste de pilotage et mit aussitôt les gaz en direction de Big Ear afin de télécharger le message le plus vite possible. Aussitôt qu’il alluma les moteurs. La patrouille sidonienne fut alertée, le repéra pour le prendre en chasse. Le blackhornet de surveillance fit un bond vers la cachette du Bellérophon pour prévenir que Miller avait été repéré. Echangeant leurs regards, Nathan et Lydia consentirent à ouvrir un canal radio vers le vulture, risquant aussi d’être repérés à leur tour. –Capitaine Miller, ici votre amiral, échec de la mission. Je vous ordonne de vous retirer immédiatement aux coordonnées de sureté, terminé. –Miller à Bellérophon, mission en cours. Multiples sauts de croiseurs sidoniens en cours. Ils recherchent votre position, veuillez fermer le canal de communication, terminé. –Négatif capitaine, mission échoué. Rentrez à la maison. –Négatif Amiral. Transmission terminé. Nathan leva alors ses yeux vers son second : –Je suis navré Lydia. Communication en canal privé hors journal accordée au major. Le major prit alors la discussion avec le capitaine Miller en canal privée, essayant de le convaincre de rentrer. –Mike, tu es grillé revient. –Non Lydia, je suis désolé, je dois finir la mission. Miller lâcha une torpille satellite pour donner une vue de sa progression à l’ensemble de la septième flotte. Il s’enfonça dans l’orbite terrestre, poursuivit par deux chasseurs sidoniens. Il commença alors à télécharger le message destiné aux hommes vers Big Ear. Mais ce téléchargement était long et les chausseurs s’approchèrent plus vites, bientôt à portée de tir. Comprenant l’intérêt du vulture pour Big Ear, d’autres chasseurs sidoniens sur Terre furent envoyés à toute vitesse pour détruire la station. Miller le remarqua et comprit que la durée de vie de la station était désormais comptée. –Mike, je t’en supplie, abandonne, supplia le major dans son oreillette. –Je suis désolé Lydia, je t’aime et je t’aimerai toujours. Je le fait pour toi et pour l’enfant que tu portes. Je dois vous offrir un monde meilleur, celui dont on a toujours rêvé toi et moi. Les chasseurs sidoniens étaient à portée de tir et commencèrent à mitrailler le vulture de Miller. Ses talents de pilotages permettaient à ce dernier d’esquiver bien des tirs. Le chef d’escadrille s’approcha de plus en plus de la Terre et traversa même son atmosphère. Le message se téléchargea de plus en plus rapidement, plus de la moitié. Nathan grinçait des dents, Miller faisait preuve de beaucoup de dextérité pour éviter les tirs de ses poursuivants. –Tu as presque réussi Mike encore 30% lui dit Lydia. Quand soudain, l’image satellite montra que les poursuivants avaient touchés le transporteur léger. Le vulture dégagea une fumée noire et sa trajectoire devint irrégulière malgré le feu ennemi. Tous comprirent, Lydia hurla à l’oreillette à Miller de faire un saut. A bord du vulture, Miller était grièvement blessé et continuait à maintenir le manche comme il le pouvait. Le tir avait transpercé son vulture de l’arrière vers l’avant en le blessant. Il tenait bon, il était sur le point de s’évanouir mais il voyait le téléchargement presque fini. Il entendait les cris de souffrance de celle qu’il aimait, lui suppliant de revenir. Il voulut finir sa mission pour l’humanité, pour son enfant à avenir. Sa blessure était trop importante et son vaisseau était foutu. Pour lui, la meilleure chose à faire était de terminé cette mission afin d’en assurer les conséquences qui allait en découler comme il le croyait. Le vulture fumant fut encore touché et l’image satellite montra l’agonie du courageux capitaine Miller en proie à deux chasseurs qui le canardèrent. Le vaisseau d’approcha de plus en plus du sol terrestre, téléchargeant de plus en plus vite mais il souffrit de plus en plus de dégâts et d’un pilotage de moins en moins talentueux. Nathan espérait que le message soit envoyé, son second désespéra de revoir l’homme qu’elle aimait un jour. D’autres chasseurs menacèrent la station et étaient suffisamment proches, ils lancèrent des missiles nucléaires plus rapides qu’eux. Le site allait être détruit, Miller devait transmettre son message avant. Il ne répondit plus à Lydia, qui peinait à cacher sa douleur. Le téléchargement était presque fini et les chasseurs avaient encore touché le vulture, transformant son épaisse fumée noire en flammes. Le crash de Miller était imminent, son vulture était en train d’agoniser, en proie à ses chasseurs. Les missiles nucléaires étaient proches du site, son message était prêt à être lâché sur les ondes. Nash se demanda quel événement imminent allait frapper en premier. A sa grande surprise, il vit son officier en second sourire, elle déclara : –Il a réussi. Dans son dernier souffle de vie, durant lequel il lui dit une dernière fois qu’il l’aimait, il pressa le bouton qui envoya l’ultime message de la résistance sur toutes les ondes de la Terre. Puis le vulture en flammes s’écrasa en chute libre sur la Terre, explosant instantanément au sol. Ses poursuivants se redressèrent vers les cieux, l’image satellite montra la destruction de la station par les missiles nucléaires des autres chasseurs sidoniens. Cependant, il était trop tard, le message avait été envoyé et résonna à travers toute la planète. Il disait : « Nous sommes la septième, flotte d’exploration de l’armée fédérale avant-guerre, de pirates, de rebelles sidoniens. Nous sommes là parmi les étoiles et nous viendrons libérer tous ceux qui ne veulent plus être soumis à un monde remplis d’illusions. Un ordre crée d’une multitude de façades abstraites pour masquer sa violence et son dogme de la soumission. Il est grand temps que ceux qui façonnent nos vies pour assouvir leur appétit insatiable du pouvoir tombent. Gardez espoir et regardez vers les cieux, lorsque vous verrez le soleil rouge se lever, ce sera le jour de vous affirmer. » Le message se répandit comme une trainée de poudre à travers les ondes et le V-World sur toute la Terre et rien, ni personne ne pouvait le stopper. Le président du gouvernement fédéral d’occupation s’excusa auprès de l’empereur. Stanislas resta calme à l’entente de ce message, il savait que la guerre pour le pouvoir était déclarée. Il défendait l’idée absolu que le pouvoir devait être centralisé et contrôler par une minorité infime de personnes éclairées afin de guider les autres. La flotte défendait l’idée qu’il devait être partagé au mieux, les plus clairvoyants se distinguerait pour guider les autres afin d’éviter de subir les obligations égoïstes d’autres personnes. La différence de ces deux modèles tient juste du fait que les vrais leaders n’ont pas à s’autoproclamer grâce à l’argent, la bonne naissance ou la culture sociale dirigeante dominante. Les deux grands chefs sidoniens, quasiment seuls penseurs se demandaient bien comment la septième flotte comptait libérer la naine rouge du Rising Sun comme ils le promettaient. La logique lui fit penser que la reddition de l’Eureka Nine les poussera inévitablement à la mission suicide, comme ce vulture venant de s’écraser sur Terre. Le commandant suprême réfléchi à cette manœuvre désespéré, aussitôt analysé par Néron. Il savait que ce n’était pas le genre si humain de Nash de faire des promesses qu’il ne serait tenir. Stanislas perdit son célèbre stoïcisme sidonien, à défaut d’ordonner par la pensée, il hurla : –Troisième officier, inspection complète du ravitailleur Eureka Nine sur le champ, qu’on me le démonte s’il le faut ! –Monsieur ! Accès à l’armurerie F-6 autorisé non programmé, s’écria l’un des officiers sur la passerelle au même instant. -Quels identifiants ? Demanda Stanislas. –Ingénieur en chef de pont d’envol 61. En végétation, ne réponds pas commandant. –Scannez le vaisseau, recherchez toute trace organique ou énergétique sidonienne non habilité à bord –Scan déjà en cours commandant suprême. –Personnel sidonien non habilité repéré commandant, se dirige vers la salle des commutateurs énergétique des boucliers. –Envoyez les sentinelles de combats, que tout le personnel disponible se dirige vers la cible. Mettez-moi en haut-parleur sur la zone ! Stanislas ferma les yeux quelque instants et ordonna à toutes les forces de se rendre sur le secteur pour neutraliser l’intrus. Il comprit qu’elle était la seule personne qui pouvait être là, il reprit sur les haut-parleurs : –Commandant OCS-28, comment pouvez-vous trahir votre propre espèce ? Nous œuvrons tous ici à un meilleur avenir. Il sera profitable à tous, nous comptons créer les portes de la connaissance absolue à tous ! –C’est vous qui avait trahis les sidoniens ! Vous avez détruit Orion, abandonné la Sidonie, tout ça pour servir un être qui veut se nourrir de l’esprit de millions d’esclaves. Les sidoniens n’avaient plus rien à lui offrir, les oriens ne voulaient rien lui donner et les terriens résistent. Quant à vous commandant, vous n’êtes là que pour servir habilement tout en vous enorgueillissant de votre statut insignifiant, répondit-il à Stanislas. Pendant que Stanislas essaya de le convaincre, Phénix courut dans les larges couloirs du Rising Sun. Il était quasiment arrivé à destination, la salle des boucliers. Il avait les bras chargé d’explosifs volés à l’armurerie. Il entendit le bruit des sentinelles qui s’approchèrent. Il colla un explosif à la croisé d’une coursive, il alla jusqu’à la porte qui l’intéresser. La puce d’identifiants qu’il avait pris à l’ingénieur en sommeil venait d’être désactivée. Il posa un explosif sur la porte et s’en recula. Quant au même moment, une sentinelle arriva au bout du couloir et se redressa sur ses pattes arrière en mode bipède et ouvrit les mitrailles de ses bras armés. La machine allait ouvrir le feu, Phénix courut dans le sens opposé avant de se coucher au sol et de presser le bouton de mise à feu. Il fit exploser la porte ainsi que la sentinelle, qui ne comprit tardivement qu’elle avait été piégée. Les explosifs étaient si puissants qu’ils avaient fait d’énormes trous béants dans les coursives du vaisseau. Désormais, l’ancien commandant sidonien avait accès à la salle des commutateurs énergétiques, ces derniers tiraient l’énergie de la naine rouge afin de le condenser et d’offrir une source d’énergie permanente et fluide aux boucliers du Rising Sun. Ils étaient indispensables à son fonctionnement et difficilement remplaçables, comme il était prévu dans le plan. Ayant perforé même le sol, Phénix sauta pour entrer et disposa à la hâte les explosifs un à un sur les imposantes machines. Les sentinelles profitèrent justement de ces trous sur plusieurs niveaux pour escalader et atteindre leur cible. Stanislas essaya encore de le convaincre : –OCS-28, Je sais ce que vous comptez faire et vous êtes en train de mettre en péril la survie même de notre race, avez-vous perdu la raison ? –Vous avez tous les deux mené notre civilisation à l’extinction, à l’esclavage de la pensée. Je compte sauver ce qui peut encore l’être. Deux sentinelles arrivèrent dans la pièce et ouvrirent aussitôt le feu sur Phénix qui continua de courir en déposant ses derniers explosifs. Le commandant suprême espérait qu’il meure avant d’y parvenir. Néron sorti des rêveries où il se complaisait depuis qu’il pouvait sonder les premiers hommes transformés comme eux. Il arriva dans la salle de commandement et s’agaça sérieusement sur Stanislas qui ne pouvait pas éliminer OCS-28 par la pensée en une fraction de seconde. Il comprit qu’il avait perdu son pouvoir sur lui, ce qui fut un choc pour l’empereur. Phénix, traqué par les sentinelles dans l’imposante salle fut touché à plusieurs reprises. Son corps de machine lui permis de tenir et d’arriver au dernier commutateur. Quand il fut pris de face par une troisième sentinelle qui de sa lame, perfora sa pompe de fluide. Le sang violet gicla et Phénix tomba en arrière. Stanislas se satisfaisait de voir cela. Il intima l’ordre aux sentinelles de lui bondir dessus et de la mettre en pièce au plus vite, car il vit encore sa signature énergétique. Phénix n’était pas encore mort. La sentinelle sauta aussi vite que l’ordre de Stanislas fut penser afin de l’achever et surtout pour le priver de son détonateur. A cet instant précis, il pressa son détonateur. Les douze commutateurs explosèrent simultanément créant d’impressionnants dégâts dans le vaisseau sur plusieurs niveaux, une immense brèche sur la coque depuis laquelle sorti une gigantesque boule de feu. Grâce au sacrifice de Phénix, les puissants boucliers recouvrant tout le vaisseau s’éteignirent. Le Rising Sun, vaisseau monde vieux de plus de deux cents ans tremblait pour la première fois, sonnant ainsi le glas du symbole d’invincibilité de l’empereur. Stanislas vit sur le radar, au sein de l’immense cimetière de restes de vaisseaux terrien, l’éclair d’une petite source d’énergie. Il comprit aussitôt qu’un vaisseau léger venait de partir ou d’arriver, n’ayant rien dans ses plans de vols sur ce secteur. Ce vaisseau était forcément de la septième, le commandant suprême comprit qu’ils venaient d’être observés. Aussitôt, il fit renforcer les défenses autour du Rising Sun et voulu qu’il y est moins de croiseurs dans la Voie lactée et Andromède. Ainsi, il fit cesser la chasse de la septième flotte aux quatre coins de l’univers. Il savait que Nash comptait venir en face en face bientôt car la septième flotte manquerait de carburant, le Bellérophon était trop endommagé et il a fit une promesse aux Terriens. Stanislas suggéra à l’empereur de cacher le Rising Sun plusieurs semaines, le temps qu’il faudrait pour remettre en service les boucliers. Le chef de l’armée impérial, face à ses défaites, commençait désormais à craindre les ambitions de son adversaire humain. Stanislas savait faire bien des choses, des calculs et des stratégies complexes, rejeter ses émotions pour garder son sang-froid en toute circonstances. Mais il avait du mal à comprendre, à analyser les plans illogiques et risqués de son adversaire afin de le contrecarré. Néron ressentit les doutes de son chef militaire et prit cela pour de la faiblesse. Il le rappela à l’ordre, lui fit comprendre que ses échecs lui mette le doute et que les doutes rendent faibles et la faiblesse mène à la mort. Néron lui communiqua le fait que Rising Sun ne bougerait jamais. Il est le symbole de sa gouvernance et de sa puissance sur les humains, nul ne pourra le faire tomber. Stanislas s’empêcha de penser que Néron était un être impétueux. Pendant que l’empereur retourna se gaver de rêveries humaines, le chef militaire sidonien envoya un officier diplomatique à la station orbital où siègent les membres du consortium bancaire. Il espéra que ses complices humains puissent trouver une solution humaine à un problème humain qui sembla l’échapper. Bien que ces gens fussent les premiers à être transformés en êtres machines, ils pensaient encore comme des hommes. Ces puissantes personnalités avaient su gérer l’humanité avant, pendant et après le conflit pour faire assimiler l’humanité aux sidoniens. Pendant ce temps, sur le Bellérophon, le blackhornet était revenu de sa mission d’observation du Rising Sun. Le timing était parfait, Phénix avait réussi à neutraliser les boucliers du vaisseau monde au moment prévu. –C’est aujourd’hui notre dernier face à face, major, déclara l’amiral à son second. Puis il fit sonner l’alarme de niveau un sur toute la flotte, tous s’y attendaient et y étaient préparés. Le retour du blackhornet annonça le feu vert pour la troisième phase du plan contre le Rising Sun, l’opération « Fury ». Tout le personnel minimum restant à bord du Bellérophon devait évacuer immédiatement. Nathan se donnait une dernière journée pour peaufiner les derniers détails avant que toute la septième flotte ne revienne sur Terre pour chasser les sidoniens. Il s’agissait surtout pour Nathan d’avoir un prétexte afin d’avoir un peu de temps pour lui. Il en profita pour regarder les photos de Cassandra et Loumène. Il avait déjà l’impression que tout n’était que du passé, loin derrière lui. Sa mission qui dura plus d’un et demi l’avait tellement occupé qu’il ne prenait pas toujours le temps de pouvoir penser à elles. En ce dernier jour, qu’il se voyait encore vivant, il prit le temps de penser aux deux femmes de sa vie. Il ouvrit une dernière communication avec le capitaine Pallas. –Capitaine, je n’ai jamais vraiment compris qui vous étiez. Ni même pourquoi quelque chose de surnaturel comme vous viendrait se mêler à ce conflit. Je me doute que c’est pour Orion, que vous cherchez à rééquilibrer les choses. La vie est tellement injuste chaque jour qu’on finit par ne plus croire aux miracles. En tout cas, merci capitaine. –Je disparaitrai comme vous amiral. Je suis un vestige, revenu d’entre les morts pour vous apporter sagesse et force en témoignage d’un passé douloureux. Nathan n’arriva pas à trouver le sommeil, l’heure fatidique de l’opération approcha. Il voulait faire vite par crainte que Stanislas ne fasse fuir le Rising Sun. Phénix lui avait assuré que Néron n’envisagerait jamais cette option qui serait aveu de faiblesse. Le Bellérophon était presque vide, il ne restait plus que les pilotes des deux escadrilles et certains officiers de la passerelle. C’était calme et triste, Nathan revoyait encore ses couloirs frais et grouillant de monde du moment du départ. Aujourd’hui, bien des personnes ayant vécu entre ses murs assombris sont mortes. L’amiral voyait chaque seconde défiler. Finalement, il remonta sur la passerelle faire ce qu’il aimait le plus, contempler les étoiles. Ainsi le temps passa vite, il sonna lui-même la dernière alerte de niveau un dans toute la flotte. Visiblement, il n’était pas le seul à avoir très peu dormi. Son second le rejoignit sur la passerelle, face à lui. –Ici c’est ma place, amiral, lui lance-t-elle. –J’apprécie Lydia, mais je ne peux accepter de vous voir mourir avec moi. Tu es le dernier officier de la passerelle, j’ai perdu tous les autres. Alors non, pas toi aussi. –Miller est mort, j’en ai plus rien à faire. –Il t’a laissé quelque qui ne peut mourir avec nous demain. C’est pour cette petite chose que j’irai mourir. Nathan lui fit comprendre à ce moment-là que sa vie ne lui appartenait plus. Elle devra assurer la survie et le bien-être de l’enfant qu’elle porte, seule. Nathan raccompagna Lydia jusqu’au pont d’embarquement où les derniers membres d’équipage quittaient le vaisseau pour la dernière fois. Durant tout le chemin, ils discutèrent ensemble longuement du passé et des bons souvenirs. Au moment de se quitter, Ils se regardèrent avec beaucoup d’amitiés. –Je suis désolé que Miller soit mort. Tu vas me manquer tête de mule, lui dit Nathan. –Merci Nath, lui répondit-elle. Puis, elle s’approcha de lui et le serra dans ses bras avec tristesse. Elle se retourna et entra dans le vulture. Puis, elle s’assit et ne le quitta pas du regard pendant que le mont de charge amena le vaisseau sur le pont d’envol. De l’autre côté, les derniers pilotes embarquaient dans leurs super-snakes mark 16. Ils devaient attendre le premier bond pour quitter le Bellérophon. Ils avaient pour rôle de faire croire que le vaisseau n’était pas vide et allait combattre. Nathan retourna sur la passerelle et il remarqua vraiment à quel point il était seul à bord. A part la machinerie et le métal qui grince, il n’y avait plus un seul bruit. La passerelle était tout aussi calme, cela était triste. Puis, il pensa qu’il n’était si seul, il vit les fantômes de ses anciens amis à leurs postes. Dogett, Hansen, Oswald, Luciano, et Miller, face à lui à la place de Lydia. L’amiral souri et pensa que l’idée de la mort lui donner des hallucinations. Nathan se brancha en intercom flotte pour la dernière fois. –Ici votre amiral. Aujourd’hui la septième flotte rentre enfin à la maison. Nous avons perdus beaucoup de camarades, affronter bien des épreuves. Il est temps de chasser les inquisiteurs et de reprendre notre destin en main, pour que les humains et les sidoniens qui le veulent puissent vivre librement. A tous les vaisseaux de la septième flotte, alerte de niveau trois. Hissez vos couleurs, préparez-vous à sauter pour la Terre. Ainsi le Bellérophon, l’Andrasta et l’Atlas battaient pavillon fédéral, le Lazare choisit la tête de mort et le Prométhée utilisa la Sidonie. Tous les vaisseaux se préparaient au combat, le décompte était donné. Une fois terminé, la septième flotte sauta. Le vaisseau amiral fit son bond spatial éloigné du reste de la septième flotte afin d’être ciblé par le canon photon. Tous les autres gardèrent leurs distances avec le Rising Sun afin d’éviter les tirs de canons. Les quatre autres vaisseaux de la flotte avaient sauté de manière groupés et tenaient une ligne de combat, l’Andrasta en tête. –Escadrille bleu, escadrille jaune, quittez le Bellérophon, ordonna Nathan à ses pilotes. Aussitôt dit, les deux escadrilles de chasseurs quittèrent le Bellérophon pour rejoindre non loin de là les autres vaisseaux de la flotte. Dans le même temps, Nathan alluma la procédure de mise à feu de l’aegis. –Escadrilles évacués. Transfert de commandement effectué, bon courage amiral Powell, lui dit Nathan. Pendant ce temps, à bord du Rising Sun, c’était le branlebas de combat. Le commandant suprême Stanislas attendait l’arrivé de Nash avec impatience. Encore une fois, l’empereur en personne remonta sur la passerelle, sortant de ses rêveries qui lui fit toujours plus perdre pied entre la réalité et l’imaginaire. –Resserrez les lignes sur le Rising Sun, rien ne doit passer, surtout dans le hangar. Envoyez l’autre moitié des vaisseaux disponibles sur le second groupe. Commis, déployez le canon à photon en direction du Bellérophon, que personne ne soit sur la trajectoire, ordonna le commandant suprême. Au sein de la septième flotte, le rouge envahit aussitôt les écrans de contact radars. Les chasseurs sidoniens étaient six fois plus nombreux et les bâtiments de guerre envoyés sur la septième, quatre fois plus. Lydia était sur la passerelle de l’Andrasta et elle était très inquiète. –Temps d’arrivé estimé des chasseurs ennemis à 4 minutes, informa un officier de l’Andrasta. –A toute la flotte, préparez les batteries anti-aériennes disponibles tribord, ordonna l’amiral Powell, avant de déclarer hors oreillette à Lydia. –J’espère que ça marchera, on ne tiendra pas longtemps. –Il avait tout planifié avec le commandant Phénix. Même si nous échouons, amiral, on pourra au moins se dire que nous nous serons battus jusqu’au bout, lui répondit le major Da Silva. L’aegis du Bellérophon était en train de charger, le Rising Sun déploya son puissant canon photonique. –Commandant, canon photon prêt à tirer deux salves, dit l’officier commis à Stanislas. –Feu ! répondit-il aussitôt. Le tir du canon photon suivait une trajectoire en ligne droite à toute vitesse en direction du croiseur fédéral. Tous suivirent la progression du tir, heureusement Nathan l’avait prévu et avait gardé des distances raisonnables pour cela. Il poussa la barre et fit partir le Bellérophon sur bâbord et esquiva le rayon capable du pulvériser son vaisseau. La première salve fut un échec, Stanislas ordonna immédiatement au deuxième tir de partir avant que le Bellérophon ne change son axe de manœuvre. Ce second tir poursuivait son chemin en suivant la manœuvre d’esquive de Nathan. Arrivant alors sur bâbord, le nouveau tir allait fracasser le Bellérophon de pleine face. Stanislas observa avec impatience le succès de son dernier tir espérant qu’il puisse détruire le Bellérophon, cela le libérerait de son fardeau de protecteur. Tous les membres de la septième retinrent leurs souffles pendant que le tir suivait sa route. Surpris, Nash inversa les poussés latérales à pleine puissance pour faire repartir le Bellérophon de l’autre côté, vers tribord. Latent de sa propre inertie à raison d’une manœuvre inversé, le croiseur humain pris quelques instants pour repartir vers tribord. Le faisceau vert venu du Rising Sun arriva et transperça toute l’aile gauche du vaisseau amiral, touchant le moteur bâbord. L’aération motrice de l’aile gauche ainsi que son moteur fut détruit par le tir de ce canon. Une explosion fit trembler le Bellérophon, toute son aile gauche était arraché du vaisseau, d’importants débris flottèrent autour. Les écrans des dégâts viraient au rouge, Nathan se trouva accablé d’avoir à tout gérer seul. Nathan se retrouva au sol, il se releva déterminé pour couper l’alimentation en carburant du moteur gauche et éviter l’explosion en chaine. Toute la septième flotte était très inquiète, les chasseurs sidoniens allaient bientôt être à porter de tir du vaisseau amiral très affaibli. Le commandant Stanislas était peu satisfait, il avait touché son ennemi mais il lui fallait attendre quatre minutes avant de pouvoir tirer à nouveau aussi loin. L’aegis était presque chargé ainsi que le calcul des coordonnées, alors Nathan démarra la procédure du bond spatial à l’intérieur du pont de hangar du Rising Sun. –Commandant suprême. Saut spatial du Bellérophon en cours, informa sa commis en qualité d’officier en second. –Quoi ? Ils prennent déjà la fuite ? Ils n’ont pas encore tiré avec l’aegis, répondit-il. –Négatif, commandant. –Où vont-ils ?! Le chef Sidonien jeta un œil sur les radars à longue portée et les balises Panopticon, il ne voyait pas le Bellérophon. Il lut alors les pensées de son second et comprit, en même temps qu’elle lui dit : –Le Bellérophon est en train de sauter dans le pont du hangar commandant. Le commandant suprême Stanislas compris la manœuvre suicidaire. Il commença à être pris par la panique, il se sentait condamné et avait peur de la mort. L’empereur Néron senti que son chef militaire perdu ses moyens et la bataille. Il était hors de question pour lui de mourir et que le Rising Sun soit détruit, cela était inimaginable. Les doutes de Stanislas agissaient comme un virus dans les têtes de tous les sidoniens subordonnées. Ils commençaient enfin à entrevoir la mort comme une délivrance, puisque pour une fois la mort menaçait réellement l’empereur. Néron sentait que le contrôle absolu commençait à lui échapper. Stanislas se ressaisit : –Que tous les vaisseaux de guerre appontés dans le hangar tirent sur le Bellérophon, activez toutes les tourelles. A tout le personnel sur place, faites tout ce qui est en votre pouvoir pour arrêter ce croiseur stellaire dans mon hangar ! Barrez lui la route ! La proue du Bellérophon pointait à peine le bout de son nez dans l’immense hangar du vaisseau-monde que les tirs ennemis fusaient en sa direction. Cela ne put l’empêcher de finir son saut spatial. Ainsi, le croiseur fédéral était dans le cœur de son ennemi. Malgré une poussée moins forte à cause du moteur bâbord détruit. Nathan poussa sa vitesse au maximum tout en finissant de charger l’aegis en direction du mur au bout de l’immense couloir d’appontage. Les tourelles centrales ainsi que les torpilles du Bellérophon tiraient automatiquement droit devant elles dans ce mur. Les anti-aériennes, tiraient avec peu de précision autour d’elles sur les défenses internes du hangar afin de forcer le ciblage sur elles en diversion. Le croiseur subissait de nombreux tirs ennemis, tremblant terriblement, subissant des avaries partout. Cela n’avait plus d’importances maintenant, il n’y avait plus besoin de le préserver et personne ne mourraient des incendies. Le Bellérophon suivait son chemin inéluctable vers son œuvre de destruction. Nathan voyait ses ennemis s’acharner inutilement pour la préservation de leurs privilèges. Il décida de se servir la dernière dose de whisky de la bouteille datant de 2035. Il mit la dernière photo qu’il avait prise avec sa famille sur grand écran. Il vit l’Eureka Nine apponter sur tribord, il allait passer à côté. Il se mit à droite de la passerelle pour regarder dans le vaisseau ravitailleur. Il vit le commandant Logan à bord, également le verre à la main, les pieds sur son tableau de bord. Ils s’échangeaient alors un regard respectueux puis Nathan levèrent son verre vers Logan, ce dernier fit de même. Apparemment, il savait désormais boire son whisky sans tousser. Pendant ce temps sur la passerelle du Rising Sun, tous voyaient l’avancée inéluctable du croiseur fédéral, sachant que l’aegis allait faire son travail. Un sentiment oublié depuis des siècles refit surface dans l’âme des sidoniens. Pour certains, c’était la délivrance d’un devoir bien plus qu’accomplis, pour d’autres il s’agissait d’une colère. L’emprise de l’empereur faiblit en même temps que sa crainte retrouvée de faire face à la mort. Même s’il avait encore les moyens techniques de tuer n’importe quel sidonien. Mécanisés et soumis à un maître, un être conscient a besoin de croire en quelque chose. Il y a deux siècles, nombreux sont ceux qui avaient crus au projet d’élévation de conscience de Néron au prix de leurs libertés. Nombreux sont ceux qui ont trahis leurs serments de protection du peuple sidonien. Pensant désormais à cela, la commis du commandant Stanislas fut la première à se lever, arme au poing. Néron et Stanislas furent surpris, la lecture de son esprit ne donna rien, son esprit était vide. Elle mit son arme sur sa tempe et elle tira, son sang violet gicla sur sa console et son corps tomba au sol. Puis d’autres coups de feu suivirent dans l’immense passerelle, Stanislas vit de nombreux officiers se suicider. Les esprits des dirigeants étant confus, menant l’armée qu’ils dirigeaient dans ce cycle. Ainsi des croiseurs, des destroyers, des chasseurs stoppèrent leurs courses nettes. Les deux despotes du régime sidonien commençaient à perdre le contrôle d’une partie de leurs hiérarchies. Désormais, beaucoup de sidoniens préféraient l’inconnu de la mort que ce régime totalitaire de la pensée. Le commandant suprême Stanislas se retourna vers l’Empereur. –Vous nous avait mené au chaos, lui dit Stanislas. –Je n’ai pas pris le pouvoir seul, vous l’avez tous consenti il y a longtemps, lui répondit très sérieusement Néron. Anéanti, Stanislas voulu dégainer son arme mais l’empereur leva sa main au même moment. Le commandant Suprême tomba instantanément au sol. Sachant qu’il voulut le tuer, Néron venait de l’exécuter. L’empereur accepta la chute du Rising Sun mais voulut vivre encore des siècles. Alors, il se rendit alors dans un hangar où le vaisseau amiral de Stanislas, l’impérator était apponté. Le chaos s’était installé à bord du Ring Sun et la mort de Stanislas avait empiré les choses. Dans l’esprit de l’Empereur, la confusion avait explosé de manière exponentielle et il avait du mal à tout contrôler seul. Alors il fit exécuter par la pensée et par centaines tous ceux qui prient la liberté d’abandonner le combat. Il se rendit compte que l’instinct de survie avait quitté nombres d’entre eux et que cela n’était plus un moteur d’obéissance. L’empereur en déchéance en était agacé, il devenait fou à l’idée de voir tout son pouvoir sur les sidoniens pauvres d’esprits s’envoler. Il savourait à peine son emprise sur les êtres humains riches d’esprits. Il arriva au sas, pour embarquer dans le croiseur impérial lourd. Il remarqua que des gardes étaient morts, il comprit que certains suicidés. Néron savait qu’il resterait toujours dans son armée, des sidoniens sans esprits et assujettis, capables de continuer la guerre. L’évacuation se faisait urgente, le Rising Sun trembla soudainement. Le Bellérophon acheva sa course folle sous les tirs dans le mur au fond du hangar. Le vaisseau était en flammes mais il sut atteindre son but après avoir traversé le long couloir du hangar. Nathan fixa une dernière fois la photo de ses deux amours avant de s’écrouler au sol au moment de l’impact. A sa pleine puissance, le Bellérophon percuta le mur renfermant la naine rouge. Le croiseur stellaire de la septième flotte força sa percée dans la chambre blindée de la naine rouge. Le Bellérophon la perça péniblement et sa proue se plia par la force de sa propre poussée. Un tas immense de tôles issus du croiseur et du mur chutèrent dans le cœur de la chambre qui commença à céder. Nathan pilotait son vaisseau en tanguant de gauche à droite pour optimiser sa percée. Quand soudain, la coque fragilisée de l’immense chambre céda et le vaisseau put entrer jusqu’à sa tour où il se bloqua. Il y avait bien plus que le canon d’aegis initialement prévu à l’intérieur de la chambre. Le dernier moteur du Bellérophon avait tout donné et il s’éteignit à jamais, la proue du vaisseau était tordue, sa figure perdit de sa brillance. Les flammes et la chaleur dévoreraient l’avant du croiseur. Nathan put voir la chambre de la naine de ses yeux, heureusement les filtres teintés des verres blindés de la tour se mirent en fonctionnement. Il y faisait tellement clair de rougeur que Nathan en aurait perdu la vue. L’amiral pu observer l’immense naine rouge enfermé dans cette immense chambre ronde emplit de tôles miroirs réfléchissantes. Le trou qu’il venait de faire décompressa la pièce et concentra l’évacuation de la chaleur de l’astre sur son fragile croiseur. Il ne tiendrait pas longtemps avant de cuire. L’aegis arrivait à sa puissance de charge maximum, Nathan devait libérer son énergie sur l’astre. Afin d’avoir un résultat libératoire pour l’humanité, expiatoire pour les sidoniens. C’était un résultat théorique car il ne le verra jamais de lui-même. Nathan se replaça à sa place habituelle, derrière sa table tactique. Il regarda autour de lui, ses fantômes étaient toujours là, souriants. Nathan ferma les yeux, il repensa à elles, tout en appuyant sur le bouton de mise à feu de l’aegis. Le tir parti à pleine puissance vers la naine rouge, il la traversa ainsi que plusieurs épaisses couches des entrailles du Rising Sun. Tout était en train de trembler, la naine rouge quitta son orbite forcée en faisant fondre toutes les tôles réfléchissantes. Un intense flash lumineux accompagné d’une forte chaleur se fit sentir. Alors, Nathan ouvrit les yeux à nouveau, il vit cette intense lumière venir vers lui.